Abordage volontaire d'un pêcheur à Rio

Bonjour,
Le 8 juillet dernier à 1h du matin, à 20 milles de Rio de Janeiro, un pêcheur sur un bateau de 20m (coque en bois jaune et vert clair) avec un grand A blanc sur fond noir sur le devant de la coque nous a abordé.
Cela faisait 1/2h que Manu (mon compagnon) inclinait notre route de quelques degrés, mais au compas de relèvement le gisement était toujours le même.
Heureusement, il avait mis le moteur une dizaine de minutes avant (le vent avait diminué et son comportement était suspect).
A 1/2 mille, le pêcheur a allumé toutes ses lumières et a abaissé ses longues perches en bois à l'arrière (type crevettier), ce qui a rassuré Manu : il pêchait.
Il a de nouveau incurvé sa route pour l'éviter et l'a croisé et là le pêcheur a foncé sur nous en accélérant, Manu a poussé la barre, moteur à fond. Il a percuté de 3/4 arrière notre voilier sur le milieu du bateau, sa coque explosant notre panneau solaire latéral, arrachant la filière, tordant balcon arrière et chandelier, arrachant l'antenne AIS et le feu de mouillage sur le portique.
Je me suis levée sous le choc (ainsi que les enfants), il a tenté de nous poursuivre 2 minutes mais on pense que ses filets l'empêchaient d'aller plus vite. Il est sorti de sa cabine de pilotage, nos regards se sont croisés, puis, il est allé sur l'arrière de son bateau.

On ne comprend toujours pas son geste et ses intentions.

On a songé que la Police nous attendrait au port pour délit de fuite (comme les histoires en Espagne). Rien.

La coque est enfoncée au niveau du rail de fargue, heureusement au niveau de la cloison structurelle, pas de dégât intérieur, le pont est soulevé sur une dizaine de cms. On bénit notre bateau solide en aluminium.

On a porté plainte sur conseil du consulat, mais évidemment nous ne pouvons l'identifier (pas d'AIS). On n'a pas eu la présence d'esprit de le photographier ou filmer l'évènement... On ne peut rien prouver.
Le Commissariat aux touristes nous a à peine cru contrairement à La Police Federal qui nous a pris au sérieux.

Les brésiliens (et tous les pêcheurs rencontrés) sont gentils, accueillants et serviables. Nous continuons notre route mais le voyage aurait pu s'arrêter là.

Gaëlle

L'équipage
24 juil. 2018
24 juil. 2018

N'étant pas là, bien sûr qu'une hypothèse: comme plusieurs pecheurs, pendant la peche (et surtout comme vous alliez au moteur j'imagine avec le feu de hune), ils ne regardent pas trop ce qu'un voilier ou bateau moteur font autour d'eux, et se comportent en priviliegiés "incorrectes". Un bateau étant privilegié est obligé de garder son cap/vitesse, il ne peut pas faire ce qu'il veut pendant que l'autre bateau manoeuvre pour le laisser passer.
Pour certains, c'est souvent "je peche donc je fais ce que je veux, aux autres voiles moteur etc de dégager".
A parte, il faudrait aussi expliquer la règle du maintient de cap/vitesse à ces voileux qui, quand on fait du moteur, continuent de vous virer devant en reclamant "voile..." et obligeant à faire des zigzags en continu :jelaferme:

24 juil. 2018

Je me doutais un peu de ces retours, c'est pour cela que j'ai hésité à poster...
Donc, si je comprends bien il fallait que l'on garde pendant plus d'une demi-heure notre cap-vitesse sur lui. Au lieu, d'infléchir notre route toutes les 10 mn de quelques degrés vers le nord pour éviter sa route et le laisser tranquillement pêcher.
Là clairement, c'était nous le poisson.

24 juil. 2018

?
Non, c'est lui qui aurait dû garder son cap/vitesse, vous auriez dû manouvrer. Le problème dont je parlais est que le bateau prioritaire parfois croit pouvoir tout faire, le pecheur s'est probablement comporté comme cela en modifiant son cap/vitesse selon ses nécessités, sans vous considérer plus que ça...
Du pdv légal vous auriez de très bons éléments, malheureusement pour les faire valoir...
C'est juste mon opinion en aveugle de ce qui ait pu se passer.

24 juil. 2018

Hello,
Et ben, pffffff...heureusement que le bateau est en alu!
A priori un dingue, énervé de vous voir dans "son" coin...je me souviens d'un Hélia 44 tout neuf qui s'était fait couper les étraves par un pêchou au large de Porto, pour une histoire de priorité...le gars avait, parait-il, manoeuvré pour les "finir"par l'arrière, stoppé in extremis par un message des autorités , suite au May day lancé par l'équipage...
Parfois, on a la malchance d'être au mauvais endroit au mauvais moment...bonne courage pour les réparations! :oups:

25 juil. 2018

Si j'étais le pecheur, j'aurais un petit peu les jetons que l'on me suive au radar, et qu'un comité de réception, pas forcément officiel, m'attende au port....adieu veaux, vaches, cochons, couvées... enfin bref...chacun fait comme il l'entend, hein... ;-)

25 juil. 2018

ça me rappelle quelque chose :
www.hisse-et-oh.com[...]spagnol

23 août 2019

Après quelques mois passés en Argentine, nous avons à priori l'explication de cet incident.
Plusieurs plaisanciers et régatiers argentins sont au courant de cette forme de piratage brésilien.
Certains pêcheurs souhaitent aborder les bateaux afin de leur proposer le remorquage. Il y aurait ensuite un problème d'assurance pour "récupérer" le voilier remorqué. J'avoue ne pas connaitre la législation des fortunes de mer, remorquage et autres.
Mais la description des attaques correspond vraiment à ce qu'il nous est arrivé, notamment le fait de mettre les filets à l'eau avec ses grandes perches. Il s'agirait de faire démâter les voiliers...

23 août 2019

hmmm, ce que racontent les argentins des brésiliens... ou vice versa bien sûr... on divise par100 et on commence à s'approcher de la réalité.

23 août 2019

Heureusement que l'aluminium ne brûle pas comme le bois...

23 août 2019

excès de "caÏpirina" ...certainement ...ça arrive souvent..

24 août 2019

:lavache: à lire le récit de Gaëlle, j'ai le sentiment que la manœuvre était intentionnelle.

Bon séjour quand même au Brésil qui, malheureusement, devient de plus en plus "violent" (d'après une amie qui habite à Rio...)

24 août 2019

salut
oui de grandes chances que ce soit intentionnelle, perso suivi et tentative d'abordage au sud de Rio et plus haut aux Abrolhos, le secteur de Vitoria à Santos est le plus sujet à ce genre de désagrément, plus haut il n'y a que de petits bateaux de pêche cotiers et plus bas c'est plus sur (en principe)
une parade assez efficace (même si vous avez un doute) est de lancer un mayday sur le 16 en notifiant une tentative de piratage, position et description du bateau pirate, et si possible de le faire ostensiblement en se montrant avec le combiné ou micro VHF dans le cockpit (les supposés pirates ou pêcheurs irascibles entendent et/ou voient l'appel VHF et laissent tomber l'affaire, trop risqué pour eux) .
ne vous souciez pas trop des suites données à un mayday sur le 16 au Brésil, (il suffit de l'annuler quand le présumé danger est passé) l'important est que le pirate pense que l'appel peut le faire repérer et qu'il soit relayé à la marine brésilienne, mais il y a peu de chance par la suite que les autorités maritimes vous contactent et vous demandent des comptes, par contre pour le pêcheur et son équipage ça risque d'être assez violent !
ps/ faites quand même gaffe en navigant au Brésil surtout à partir nord de Santos, ce n'est pas le pays des bisounours ! naviguer hors ligne de sonde -100m, ne pas mouiller près des grandes villes, privilégier les marinas, bien se renseigner en tous lieux.

24 août 2019

Hola,
En partant de Maceio pour descendre à Salvador il m'est arrivé la même chose,de nuit,on a trop joué au chat et à la souris et on a dû empanner à moins de 10m d'un pechou en action, j'étais trop sûr de moi et on a failli le payer cher !
En fait le barreur avait les yeux rivés sur son sondeur,ils devaient suivre un banc de poissons !
Occupés à remonter le filet ils nous ont à peine jeté un œil...
Des fois aussi faut faire gaffe ils pêchent au filet, tendu entre deux bateaux et la lumière est très faible sur leurs canotes...
Généralement s'ils voient le voilier arriver ils balancent un grand coup de projecteur et il faut être réactif tout de suite...
Heureusement on nous en avait parlé et on a compris ce que voulaient dire ces deux petites loupiottes espacées de plusieurs centaines de mètres qui restaient à la même position
Le mieux pour voyager c'est aller bien au-delà des 100m de fond, y'a plus personne qui pêche et on peut longer de très loin la côte ou seulement les cargos sont visibles aux latitudes des grandes villes qu'ils desservent
À l'aller comme au retour j'avais tiré bien au large et c'est un gage de nuits paisibles
En cas de rencontre en vue,ne pas hésiter à virer franchement, prendre une direction totalement différente pour s'éloigner le plus possible, après on reprend sa route quand c'est redevenu clair .

Phare Amédée jour d'orage en Nouvelle Calédonie

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