Anne Quéméré - reconversion

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La navigatrice Anne Quéméré publie un roman en février. Cette Finistérienne vient d'être admise dans le cercle très restreint des écrivains de Marine. Elle est la deuxième femme, avec Isabelle Autissier, à être intronisée dans cette association qui compte une vingtaine de membres. Une expérience rare pour celle qui prépare une nouvelle expédition dans l'Arctique.

Depuis quinze ans, elle enchaîne les records : traversée à la rame en solitaire de l'Atlantique (2002, 2004, 2006) ; les glaces du Groenland (2010) ; le Pacifique (2011). Puis elle s'est attaquée au passage nord-ouest et à l'Arctique, où elle est allée sept fois. À 50 ans, la navigatrice Anne Quéméré tente une nouvelle aventure : l'écriture romanesque.

« J'aime la mer et les mots, dit la Finistérienne. À 12 ans, j'avais déjà lu toute la bibliothèque de mes parents. J'ai toujours griffonné sur des bouts de papier et je n'ai jamais navigué sans mon journal de bord. » Cet automne, la Quimpéroise, dont la grand-mère tenait une librairie bretonne à deux pas de la cathédrale, fait étape dans sa maison du Cap Sizun. Le temps de noircir quelques pages, au bord de la mer, bien sûr. « Mon roman sera publié en février aux éditions Arthaud. Je raconte la vie du père Le Meur, un curé de Saint-Jean-du-Doigt qui a vécu toute sa vie avec les Inuits. »

Lors de ses expéditions successives, au nord-ouest du Canada, elle a suivi la trace de cet aventurier, comme elle : « Ce prêtre a vécu de 1946 à sa mort, en 1985, dans ce village de Tuktoyaktuk. L'oblat a appris la langue des Inuits. Il vivait parmi eux et était aimé de tout le monde. Il a eu une vie extraordinaire. »

Dans la maison du missionnaire, la navigatrice retrouve les archives. Des photos et des documents que la Finistérienne a ramenés à Plougasnou, près de Morlaix, où vivent actuellement les neveux du père Le Meur. « Il fallait que j'écrive son histoire tout en m'éloignant de la réalité, en créant d'autres personnages. C'est tellement prenant, qu'ils hantent mon quotidien depuis plusieurs semaines, du petit-déjeuner au coucher. J'ai plongé corps et âme dans leur univers. »

Anne Quéméré doit rendre sa copie fin novembre. « Parfois, je rame »,sourit-elle. Elle obtient cependant ses lettres de noblesse en étant intronisée, il y a peu, dans le cercle prestigieux des écrivains de Marine. Elle siège aux côtés d'auteurs comme Didier Decoin, Patrick Poivre d'Arvor, Yann Queffélec, Titouan Lamazou, Erik Orsenna... « Je suis la deuxième femme après Isabelle Autissier à être acceptée au sein de cette association qui compte une vingtaine de membres. Une grande fierté. J'ai même le droit de porter l'uniforme. Mais ce qui me réjouit le plus, c'est que je peux embarquer dans n'importe quel bateau de la Marine nationale. » Toujours l'appel du large...
« Ma vie, c'est l'inattendu »

Mais il n'y a pas de hasard. Parmi ses livres de chevet ? Un bouquin pour enfant : Apoutsiak, le petit flocon de neige, de Paul-Émile Victor. Le premier livre que lui a offert sa grand-mère. Un récit découvert à 6-7 ans et qui a peut-être déclenché ses rêves d'Arctique et de paysages enneigés.

Cette femme de mer et de plume, bien charpentée, cheveux courts et regard océan, a été élevée à l'eau salée. Solitaire, elle a toujours navigué à l'écart des grands ports et des « voileux » un peu frimeurs. « Mon rêve : aller là où personne n'est jamais allé, à la naissance du monde, comme dans l'Arctique. » Elle y a appris à chasser, pêcher et à vivre en fonction de la météo. « J'ai la chance de voyager léger, raconte-t-elle. Personne ne se méfie d'une femme seule qui arrive sur une embarcation de quelques mètres. Sur place, cela m'a permis de faire de vraies rencontres. J'ai été acceptée par les Inuits, un peuple simple. Vivre dans le noir plusieurs mois par an, ça remet certaines choses à leur place... » Larguer les amarres et vivre dans des conditions extrêmes, oui. Mais sans jamais se couper complètement des hommes.

En juin, elle repart pour une traversée polaire du passage nord-ouest. Retour avant la fonte des glaces, en septembre. Cette fois, pas de rames ni de kayak. Mais une embarcation de six mètres équipée de 13 m2 de panneaux photovoltaïques. « Le prototype est en cours de construction, au Centre suisse d'électronique et de microtechnique. Ils sont en train de mettre au point une nouvelle génération de panneaux solaires qui épousent la forme du pont du bateau. Je pourrai même marcher dessus, mais évidemment, pas en talons aiguilles. » Pas son genre !

Humble, généreuse, au contact facile, Anne Quéméré évoque ses voyages aux quatre coins de l'Europe lors de conférences. Mais cette femme est trop libre pour se donner un métier. « Je suis une intermittente des mots et de la mer. Dans une vie standard, je ne saurais pas quoi faire de mes week-ends. Je vais toujours au-delà de l'horizon. Ma vie, c'est l'inattendu. »

L'équipage
28 oct. 2017

Anne, Isabelle, même regard, même trempe.
Beaucoup de grandes gueules masculines ne leur arrivent aux orteils...
Chapeau bas, Mesdames.

:pouce: :bravo:

28 oct. 2017

Bonsoir,
merci pour l’information. J'ai hâte de le lire

29 oct. 2017

Reconversion ? Je dirais plutôt : diversification :reflechi:

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