Cartographie marine : les États-Unis arrêtent les cartes papier et scannées

Cartographie marine : les États-Unis arrêtent les cartes papier et scannées

Dès cette année 2020, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis débute l’arrêt de la production des cartes marines officielles sur papier et des produits numériques qui en dépendent, les cartes scannées (raster charts). Cette migration totale vers le digital et l’ENC (Electronic Navigational Chart) est aussi un plan d’économies qui prendra fin en janvier 2025. Une mutation historique qui pose des questions relatives à la sécurité de la navigation.

la suite de l'article là:
voilesetvoiliers.ouest-france.fr[...]32046bd

L'équipage
10 jan. 2020
10 jan. 2020

pas forcement si dramatique que cela vu le nombre de cartes en circulation.
il est bien rare que la forme des cote et l'emplacement des cailloux varient de façon telle qu'une carte soit obsolète en quelques années.
évidement il y a des zone ou le trait de cote est soumis à de fortes variations dues à l'érosion ou l'ensablement.
je suis persuadé qu'il est par exemple d'entrer en manche et de trouver la rade de cherbourg ou le port de deauville avec des cartes datant de l'entre deux guerres.
bien sûr le balisage aura probablement changé mais les phares sont encore là.
je ne pense donc pas, en tout cas à court et moyen terme que cet arret posera problème.
c'est plutôt l'us navy qui risque de râler, elle qui a rétabli l'enseignement du sextant dans le cursus de ses futurs officiers. elle va devoir acheter des cartes auprès du shom....

17 jan. 2020

Tu dis ça sérieusement ? As-tu une idée du déplacement (en centaine de mètre) qu'un banc de sable peut subir en parfois une seule tempête de quelques jours. Des plaisanciers français en ont fait les frais l'hiver dernier dans le nord de l'Allemagne : cartes à jour et bien dans les clous d'un chenal mais un vilain banc de sable qui n'avait pas voulu rester sagement à sa place.

Toutes les côtes du monde ne sont pas construite en Granit Made in Bretagne qui ne s'érode que de quelques microns par années.

18 jan. 2020

@iclo420:
ma modestie du-t'elle en souffrir, je me cite :
"évidement il y a des zone ou le trait de cote est soumis à de fortes variations dues à l'érosion ou l'ensablement."
c'est la troisième phrase de mon post ci dessus... tu sais, celui auquel tu me réponds en donnant l'exemple d'un banc de sable se déplaçant à vitesse grand V.
à aucun moment je n'y affirme que les cartes sont valables ad vitam æternam.

comme très (trop?) souvent j'ai le sentiment que beaucoup ne font que survoler un post sans prendre le temps de le lire réellement et du coup y répondent "à coté".

à la décharge de certains, je reconnais que mes posts sont souvent longs et que parfois l'oubli de certains mots peut rendre ce que je dis un peu moins compréhensible.

10 jan. 2020

Plutôt une bonne nouvelle, les mises à jour sont plus faciles et rapides à faire que sur des cartes papier.

10 jan. 2020

Sachant que les cartes papier se dégrade, lentement mais surement à l'usage et que les matériels informatiques tombent en panne un jour ou l'autre, la durée de vie des cartes raster actuellement disponibles sera limitée dans le temps. Donc, toutes les cartes raster des USA actuellement existantes auront bientôt disparu.

Et en France ? Que va faire le SHOM ?

Allo Gildas-Shom ... Saurais tu nous dire si le SHOM se prépare à réaliser le même type d'économie en faisant disparaitre bientôt les cartes raster électroniques et les cartes papier pour ne garder que les cartes de type ENC ?

10 jan. 2020

Pour ma part, je pense que la qualité des cartes vectorielles est sans commune mesure avec celle des cartes raster. On leur reproche quelques fois leur esthétique, mais ça c'est quelque chose qui peut se paramétrer facilement.
Par ailleurs, qu'est ce qui empêche un éditeur comme NV Charts, par exemple, de mettre sur papier des ENC ?
Les cartes papier disparessant, leur scan va suivre. J'attend aussi la réponse de Gildas-Shom, mais je crois avoir la réponse.

13 jan. 2020

Bonjour,

Bonne année a toutes z'et tous. Merci à Gilletarom de m'avoir relancé en MP car je n'avais pas vu ce thread :)

La NOOA de fait pas "vraiment" disparaître les cartes papiers. Elle s'adaptera en réalisant des cartes à la demande ( une base commune stand + options... ). C'est je pense la suite logique de ce que font déjà tous les gros services hydros (dont le Shom) c'est à dire de l'impression à la demande "POD". Avec les directives européennes, on s'aperçoit qu'on fait payer de moins en moins la donnée mais plutôt le service associé.

Comme tout est numérisé, la gestion des corrections se fait plus facilement et ça empêche d'avoir du stock à corriger.
Au Shom, l’imprimerie offset a disparu pour faire place à des traceurs, donc plus besoin d'avoir du stock à corriger. Même si les ventes de l'électronique ont dépassé les ventes papier depuis des années, le Shom n'a pas l'intention pour l'instant d'abandonner ces dernières. Le POD arrive chez les revendeurs français, c'est donc que le marché est suffisamment solide pour qu'ils puissent investir dans des traceurs.

Pour en revenir aux cartes vecteurs, les normes S-XX de l'OHI permettent surtout:

  • de normaliser la carte électronique entre les différents pays, un peu comme le portefeuille "INT" créé dans les années 70.
  • de travailler et stocker les informations d'une carte en format base de données. Le gros avantage est que cette info normalisée est corrigée facilement. Pour ceux qui ont déjà bossé sur un ECDIS (système de navigation officiel de l'OHI obligatoire pour les bateaux assujettis à la convention SOLAS), c'est vrai que c'est bluffant. La carte originale se nomme FRXXXXX.000. La première correction sera FRXXXXX.001 puis 002 etc... Chaque correction qui ne fait que quelques Ko modifie la base de données et le rendu s'en trouve modifié. Un système de compteur fait que les lumières passent au rouge si dans le répertoire on passe de la correction .005 à .007 Cette façon de faire permet de télécharger des corrections facilement par satellite.

Ça fait longtemps que ça existe. Passons au futur, les normes S-1XX dont vous trouvez la description ici: iho.int[...]dex.htm
En base de données nous avons pour l'instant l'information qu'on trouve sur les cartes ( trait de cote, bathymétrie, épaves, balisage etc...). L'enjeu majeur de cette décennie est de mettre TOUT en base de données: courants, instructions nautiques, infos comme les AVURNAV etc...).
Si tout est en base de données standardisée, les logiciels de nav n'auront plus qu'à afficher les différentes couches au gré de l'envie du navigateur. Et on y rajoute du temps réel sur quelques couches (pas sur la carte elle-même, car c'est trop complexe).
Par exemple, la norme S-129 est surnommée la hauteur d'eau sous la quille (données dynamiques de hauteur d'eau) qui sera calculée en temps réel en agrégeant différentes informations (bathymétrie, marée, météo, etc.) et en les comparant au tirant d'eau du navire).

L'Europe du nord, l'Amérique du nord et certains pays d'Asie (la Corée du Sud notamment) ont bien avancé sur le sujet. Voici le résultat d'un test des USA : vislab-ccom.unh.edu[...]26.html
De notre côté, je vous avais déjà parlé de PING, un démonstrateur pour prouver la faisabilité d'intégrer les AVURAV directement sur une carte marine ping-info-nautique.fr[...]/

Même avec les cartes électroniques officielles visualisées sur un système de nav officiel, le navigateur doit prendre ses infos de différents sources (carto, bathymétrie fine réelle, instructions nautiques, courants ou marée). Le but de la S-1XX est d'avoir toutes les infos nécessaires sur un seul écran pour que le chef de quart se concentre sur la sécurité de sa nav.

Gildas

15 jan. 202015 jan. 2020

Merci Gildas-Shom pour cette réponse détaillée.

J'ai essayé de suivre les différents liens indiqués dans ton post. Et je suis tombé de "fil en aiguille" sur ceci :

Sauf que c'est en anglais. Dommage car cela semble très intéressant. Sauf que mon anglais étant ce qu'il est, je n'y comprend pas grand chose.

Donc HELP, Gildas-Shom, le même en version française existe-t-il ?

17 jan. 2020

Je n'ai pas de video :-(

11 jan. 2020

Pour ma part je n'ai plus de papier depuis 12 ans maintenant, et cà ne me manque pas

11 jan. 2020

Pour ma part, j'utilise toujours l'électronique en priorité. Pour éviter les catastrophe informatique, nous avons au moins deux terminaux en état de marche.
Mais, nous avons aussi, pour le plaisir des yeux, avec nous des cartes papier.

Ceci dit, en Europe, à ma connaissance, les cartes cartes papier sont obligatoires sauf en France.

Si les cartes papier disparaissent, il faudra que les réglementations des différents états s'adaptent.

Question : Quelqu'un sait il dire ce qu'il en est de la réglementation par rapport à l'usage des cartes électroniques dans les différents pays d'Europe ayant accès aux mers ?

11 jan. 2020

A ma connaissance les cartes papier ne sont pas nécessaire si on a des ENC officielles et à jour, mais c'est cher car c'est sur abonnement avec mise à jour.

11 jan. 2020

Les ENC officielles sont soit les S57, soit les S63.
Les cartes vectorielles produites à partir des S57, par des éditeurs ne sont pas des cartes officielles, même si elles sont rigoureusement identiques au S57.

Ceci dit, reste le problème de la qualité d'affichage des cartes par le logiciel employé à bord. pour nos bateaux de plaisance, il n'existe aucun logiciel officiel pour ça.
Et rien ne prouve que les logiciels que nous pouvons utiliser pour afficher les cartes S57 ou S63 sont vraiment capable de les afficher parfaitement.

Cela fait maintenant plus de dix ans que OpenCPN est censé être capable d'afficher les cartes S57. Pourtant, pour avoir suivi d'assez près les remarques faites sur le forum américain "Cruisers Forum", sur le flyspray du site opencpn.org ou sur le site dédié à la version pour Androïd d'OpenCPN, des défauts d'affichage ont été signalés et un travail important de mise à jour du logiciel a été réalisé au cours de ces dix années.

De ce fait, on peut comprendre qu'il est difficile de comparer la qualité d'un logiciel avec un autre en ce qui concerne l'affichage d'une même cartographie, par exemple les S57.

J'observe aussi que les AFFMAR comme la gendarmerie maritime ne contrôle pas la qualité des logiciels présents sur les bateaux.

Cela donne à réfléchir.

11 jan. 2020

Depuis 20 ans j'utilise un logiciel de navigation français, qui a la possibilité de gérer (parfaitement) les cartes ENC S57/S63.
Je sais que sur ce forum on ne parle que de openCPN car c'est "gratuit" et je l'ai mois même essayé, mais je reste fidèle à Scannav (www.scannav.com[...]/FR/ ) et je pense que la licence raisonnable que l'on paye vaut largement le travail colossal de Marc Lombard pour développer et maintenir le logiciel.

Et si vous voulez naviguer sans carte papier et être en règle, c'est la seule solution possible pour des navigateurs de plaisance.

15 jan. 2020

Entièrement d'accord!
Je suis fan de ce système et viens de recharger le nouvel ordi avec le logiciel ( ancien perdu avec la perte de la tablette morte.)après un échange rapide par mail pour obtenir le code de téléchargement.
Coût de la manip:6 euros !
J'avais échangé avec lui pour des questions techniques, il répond toujours très vite et précisément,un vrai pro !

18 jan. 2020

On peut aussi se dire que les besoins de la majorité des plaisanciers ne sont pas forcément les mêmes que ceux des professionnels.

11 jan. 2020

Je viens d'apprendre que :
- Le Canada veut supprimer progressivement les raster,
- La Nouvelle-Zélande fait la promotion du S-63 afin de supprimer les raster,
- L'Australie a déjà abandonné les raster.

11 jan. 2020

Question de candide : comment établit-on une carte vectorielle sans passer par l'étape raster ?

11 jan. 2020

C'est le contraire. Maintenant, on construit les cartes raster à partir des données contenues dans les cartes vectorielles.

Ces dernières peuvent contenir, pour chaque point, des centaines de données. A minima, la longitude et la latitude (c'est le minimum), et en plus, par exemple, la profondeur d'eau s'il existe une sonde connue pour ce point, la nature du fond si elle est connue pour ce point, et bien d'autres données encore.

Les cartes raster sont construites en utilisant les données des cartes vectorielles (et on ne les sélectionne pas forcément toutes pour un point donné de la carte car il y a plus de types d'information dans une vectorielle que dans une raster).

12 jan. 2020

Bonjour,

Une carte vectorielle, comme les S-57, est un modèle mathématique, toutes les informations sont sous forme d'équations, d'algorithmes, de données informatiques. Les infos sont dans des bases de données.
La représentation graphique est une deuxième étape, pour celà on utilise des filtres, par exemple S-52. C'est à ce moment que l'on a les beaux dessins que l'on appelle les cartes.
Pour la distribution, on peut les scanner et les publier sous forme papier.

18 jan. 2020

Bonsoir Freychou,

Je suppose qu'elles ont été faites comme les nôtres :)

Ce sont des "petites mains" qui numérisent tous les objets/surfaces/points de la carte papier, ces données vont en base de données puis sont restituées sur SIG (Système d'Information Géographique). En l’occurrence CARIS pour le Shom.
Le pays le plus compétent pour la sous-traitance est l'Inde. Ça revient à en gros 1000€ de numériser la carte.
Le gros du boulot est fait après une fois la carte revenue dans le service carto: la vérification. C'est un travail à part entière qui demande les mêmes compétences carto que pour le papier même si l'on possède une foultitude de logiciels de vérification.
Exemple 1:
Dans un fond de plusieurs centaines de mètres, une grosse remontée de fond (ex: île volcanique). On passe donc de 800m à 20m. CARIS, en bon petit soldat, va tracer des isobathes ( 20-50-100-500) tout autour et ça ne sera pas cohérent avec le rendu papier où le cartographe a déjà enlevé des isobathes pour éviter des gros pâtés illisibles.
Exemple 2 très fréquent: une légère erreur de numérisation fait qu'un isobathe n'est pas continu, il manque un pixel. Les logiciels vont sonner l'alarme car la surface de même profondeur est en vrac. Donc il faut refaire l'étanchéité de cette surface :)

Un format A0 peut être numérisé en une journée ou deux, la vérification prendra 10 fois plus longtemps pour que la qualité d'une ENC soit la même que sur le papier.

11 jan. 2020

A ma connaissance les cartes papier ne sont pas nécessaire si on a des ENC officielles et à jour, mais c'est cher car c'est sur abonnement avec mise à jour.

12 jan. 2020

Perso, je naigue autour du monde 0 papier !!! C'est mal !!! ;) ;) ;)

18 jan. 2020

Merci (notamment à Gildas_Shom & Gilletarom) pour ce fil très intéressant et instructif ! 👍

18 jan. 2020

Bonjour Gildas et bonjour à tous,
Vous faites référence à l'excellent article d'Olivier Chapuis paru sur Voiles et voiliers cette semaine.
Pour info commercialise toutes les cartes américaines NOAA et NGA (c'est probablement le seul en France à le faire), ainsi que bien d'autres cartes : Shom, Admiralty, Imray, NV charts, Navicarte, carte Norvégienne, carte Canadienne, carte Égyptienne pour le canal de Suez, ... (+25.000 cartes au catalogue) qui sont imprimées pour certaines sur leurs traceurs, ou prochainement pour d'autres...
Déjà depuis 1 an l'offre du catalogue NOAA concernant les cartes papier s'est réduite.
Si cette réforme n'impacte pas les plaisanciers européens, cela risque d'être plus compliqué pour les plaisanciers nord américains qui aiment encore naviguer avec ce type de document, tous ne sont pas encore passés au 100 % électronique.
Cette réforme est probablement financière (ce propos n'engage que moi) : la raison qui pousse la NOAA à arrêter ses cartes papier est simple : bon nombre de cartes papier de son catalogue sont en brasse, ou avec des lignes de sonde en brasse, d'autres cartes ne sont pas orientées au nord, d'autres n’utilisent pas la symbolique internationale, ... Bref, refaire toutes ces cartes pour les mettre aux normes internationales coûterait très cher aux contribuables américains, donc la motivation de la NOAA est aussi d'abandonner les cartes papier pour passer au tout numérique, qui effectivement est plus simple à corriger et à entretenir.
En revanche je ne sais pas comment feront les C-map, Navionics et autres pour récupérer les infos cartographiques nord américaines.

Quelque part entre Sognefjord et Måløy, Norvège.

Phare du monde

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2022