ECS / ECDIS

Je viens de passer quelques heures sur les normes de carto et les logiciels qui les gèrent.

Pour un logiciel de carto/nav, la distinction importante est à faire entre les ECS et ECDIS. Le premier type n'est pas "certifié", le second l'est. Cela a deux conséquences :

  • Un ECDIS peut légalement remplacer les documents papier à bord. La doctrine n'est pas très claire pour ce qu'il faut avoir en secours, mais il semblerait qu'une carte à petite échelle (routeur) permettant de se rapprocher des côtes pour demander une assistance soit acceptée. Un ECS ne peut pas prétendre à cette fonction d'outil "légal".

  • Un ECDIS doit intégrer un mécanisme de déchiffrage des cartes "officielles" fournies chiffrées, notamment en France les cartes numériques du SHOM (format S57 chiffré selon la norme S63). Ce mécanisme doit nécessairement intégrer la lecture d'un dispositif câblé identifiant de manière unique le système cible qui va afficher la carte. Sur un PC, un dongle par exemple. A partir de cette lecture, un mécanisme de demande de clef de décryptage est prévu, qui met en jeu le fournisseur de l'ECDIS donc, pour un PC, du logiciel en question.

La seconde de ces contraintes, avec des obligations de confidentialité sur le fonctionnement du produit, interdit de faire un ECDIS en "open source". En effet, il serait trivial pour n'importe quel informaticien, avec les sources du logiciel, de les bricoler pour récupérer les données des cartes et en diffuser des versions non cryptées.

Il est donc évident que l'agrément d'un ECS pour qu'il devienne un ECDIS va mettre en jeu des procédures à la fois techniques (il faut que ça remplisse les fonctions imposées) et juridiques (il faut qu'on puisse avoir un interlocuteur "légal" en cas de problème, notament piratage). Le second point exclut donc totalement une structure autogérée de type "open source".

Il reste qu'on peut faire un ECS qui, techniquement, soit du niveau d'un ECDIS. Mais les seules cartes qu'il pourra exploiter seront les cartes non cryptées (par exemple NOAA). Pour les voyageurs au long cours, cela peut être quelque chose d'intéressant. Pour le plaisancier moyen qui se balade le long des côtes européennes et notament françaises, les fonctions seront limitées à ce qu'on pourra trouver comme cartes libres...

Donc pour nous, pauvres navigateurs d'un pays qui a trouvé là un moyen - de plus - de nous taxer, est il possible d'échapper au paiement des "abonnements" aux cartes numériques, à renouveller chaque année, au prix fort. Surtout pour celui qui veut caboter le long des côtes...

Une ouverture est de se contenter de la qualification ECS, de faire des cartes avec des données bricolées (origine NOAA, etc...), ce qui n'aura aucune valeur légale et obligera donc à avoir à bord les cartes papier, mais permettra de répondre à 90% des besoins de nav courante. On peut de plus prévoir un enrichissement manuel autonome ou collectif à partir de cartes papier.

Peut-être n'y aurait il rien de mieux que la disponibilité d'outils gratos pour pousser gentiment le SHOM à revoir sa politique tarifaire. J'ai connu ça lorsque les compilateurs Pascal étaient des softs à 15 ou 20 kF (3000 roros) et que Borland a débarqué avec son "Turbo Pascal" à 1000 F (150 roros). Petit affolement dans le paisible landernau des spécialistes, et quelques mois plus tard, tout le monde était au même prix.

Ou alors, il faut aller vers l'univers commercial, monter une boite, faire un soft, le faire qualifier en ECDIS, et le vendre à prix shareware, un peu comme "digiboat".

Des avis sur la question ? Des matelot(e)s qui ont la vocation de pdg ?

L'équipage
23 fév. 2006
23 fév. 2006

Rectificatif ...
amha, je crois bien un poil de retard, Sailsoft ;-) ... depuis la nouvelle règlementation en France, tout système de cartographie électronique est accepté comme système principal en plaisance. Pas besoin d'être ECDIS, et même pas ECS ... On va pas se plaindre, surtout pas les vendeurs de traceurs en tout genre !

Donc on peut faire un open source pour S57, et même construire du S57 à partir de cartes papier aussi longtemps que c'est à usage personnel et non diffusé ni échangé.

Pour les vectorielles cryptées "propriétaires", la situation est étrange: certains de ces éditeurs n'ont pas eu le droit de les éditer (des plaintes ont été déposées par certains organismes nationaux de relevé), donc on ne risque pas trop de plainte de la part de l'éditeur si on les utilise, puisque eux-même les ont édité sans droit !

24 fév. 2006

ouf , j'ai eu peur
C'est vrai que la lecture de tel ou tel donne souvent lieu de bonne foi à interprétation erronnée.
Heureusement que vous êtes plusieurs :-D .

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