First 25 et fortune .... de terre !

Certains se souviendront peut être qu'il y a ... Un certain temps, j'avais émis l'idée d'offrir un carénage au suif à mon fier coureur des mers peu lointaines, en lieu et place de l'habituelle peinture anti-salissure aussi chimique que nocive. Les jours faisant des semaines et celles ci se transformant subtilement en mois, l'opération s'était vue repoussée au gré de maintes péripéties; comme par exemple par la défaillance du moteur, entraînant dépose et transport sur le continent (et oui j'habite sur une île), puis récupération, remontage, réglages divers et variés. Ceci fut suivi de la défaillance du presse étoupe plutôt ancien, puis de la batterie, "un peu" délaissée à force de réfléchir au reste... A bout de patience, j'avais fini par décider de carrément sortir le brave Heol du bassin et de le monter devant mon atelier pour, une bonne fois pour toute, résoudre toutes ces petits désagréments à répétition. Aussitôt dit, plus ou moins aussitôt fait, le fier navire se voyait offrir un séjour en zone artisanale, à plus de quarante mètres au-dessus de son niveau de vie habituel.
Nettoyage de carène, pose d'une anode sur la quille (pas évident, au passage, le percement de la fonte ! ), démontage à la disqueuse de l'ensemble vanne-passe coque du WC et remplacement par du neuf tout beau, dépose de l'arbre d'hélice au forceps et démontage du joint "Stopélo" défaillant, nettoyage et remise en état de ce dernier, remontage du tout à son emplacement habituel, remplacement du feu de tête de mat et de la girouette... Bref un beau jour, il n'y eut "plus que" le suif à passer sur la carène.
Ce dernier ayant été dûment préparé il y a déjà un certain temps, l'opération ne consistait donc plus qu'à fondre à feu doux la masse graisseuse puis, une fois mélangée de la dose adéquate de paraffine, à en enduire généreusement la carène et ses périphériques: quille, arbre, hélice, safran... Parfait ! Tout cela puait un peu, mais finalement pas plus que la chimie habituelle et au moins étions nous sûr de ne pas s'empoisonner les bronches.
Et lors donc, en ce beau mercredi du 19 septembre, rendez vous était pris afin de ramener Heol dans son élément naturel vers 18h.

Tout commença plutôt bien et après les atermoiements, habituels, des manœuvres de calage à grands renforts de puissance hydraulique, le tracteur de mon ami garagiste entamait la traversée des rues de Loctudy (patronyme peu connu du bourg de Groix) à une digne allure de sénateur en retraite, gentiment suivi de mon joli voilier sur son ber roulant.
Nids de poules, ornières, dévers divers et variés, rien ne semblait pouvoir perturber outre mesure la lente progression de l’attelage et c'est plutôt confiant que je fermais la procession avec ma fourgonnette, l'oeil quand même aux aguets et l'index sur le klaxon.
C'est dans la descente vers Port-Tudy que cela se passa....
Pour ceux qui ne connaissent pas le port de l'île de Groix, celui ci est situé au bas de la falaise sur laquelle se juche le bourg et auquel il est relié par une rue montante (passant devant le célèbre "Ty Beudeff"), et une autre , descendante cette fois ci, le tout formant un sens unique circulatoire évitant les embarras de circulation.
Et c'est donc au début de cette rue descendante, à l'endroit où la pente se fait plus forte et la chaussée étroite... Que le brave Heol à la carène généreusement et consciencieusement suiffée décidait de rattraper le tracteur qui le précédait !
Dans un mouvement d'une lenteur toute cinématographique, j'assistai, impuissant quoique klaxonnant, au majestueux basculement de mon voilier en travers de sa remorque et de la rue !!!
Bien lui en prit, l'arrondit de la quille relevée arrêta le mouvement contre la structure du ber et mon fier navire, quoique "en distribil", resta sur sa remorque.
Je vous passe les "détails" qui suivirent, la rue bloquée, l'aide des gendarmes, puis des services techniques de la mairie, puis celle des pompiers et de divers amis et de leur matériels... On a fini par y arriver, gast ! A redresser Heol sur son ber et et à l'amener gentiment à la cale, précédé et suivi de deux tracteurs et entouré d'une soldatesque attentive, prête à bloquer toute manœuvre non maîtrisée à l'aide de cales et de madriers.
Bref, on s'est couché à trois heures du mat' !
Faut dire aussi que le tracteur principal, celui en charge de la manœuvre depuis le début, est lui aussi tombé en rade, refusant en bas de cale, et la remorque déjà en partie dans l'eau, de redémarrer... Heureusement que les coeff' sont bas en ce moment !
Moralité: le suif, ça glisse ! On observera avec attention son efficacité en tant que revêtement anti-végétatif, mais une chose est certaine: si je dois le refaire, je ne procéderais à son application qu'à la condition expresse qu'AUCUN déplacement sur remorque ne soit nécessaire !
Moralité bis: TOUJOURS sangler, fixer, amarrer, bloquer son esquif sur sa remorque quelque soit le trajet à effectuer !
Et un grand MERCI à tous mes amis îliens, pompiers, gendarmes ou simples civils, à qui j'ai bien plombé la soirée ainsi qu'une bonne part de la nuit, et qui l'ont pris avec sourire, bonne humeur et grand professionnalisme...

L'équipage
20 sept. 2018
20 sept. 2018

Super journée et une belle histoire à raconter le soir au coin du feux. :pouce: :bravo: :bravo:
Jac

20 sept. 2018

Bien écrit. J’ai bien ri et content que ce se soit bien terminé.
:topla:

21 sept. 2018

Le mieux est l’ennemi du bien

21 sept. 2018

ton bateau n'a rien eu d'abimé ?

21 sept. 2018

Eh ben dis donc, il s'en passe des choses à Groix!
content que ça se termine bien :pouce:

21 sept. 2018

Et oui! Le suif....ça glisse... :heu:
Je me demandais même si les sangles du Travel apprécieraient ? :mdr:
Bien content que cet épisode de soit terminé sans casse.
Le safran a l'air bien exposé....
J'ai fait comme les autres, a tes dépends.... :oups:

21 sept. 2018

:pouce:

21 sept. 201821 sept. 2018

Moralité :

Qui m'aime me suife :topla:

:alavotre:

21 sept. 2018

Le bateau n'a ... Rien ! Ou si peu comparativement à ce qui s'est passé. A peine une éraflure qui n'a même pas traversé le gel coat et un petit pet sur le bord de fuite du safran !
Non, le pire ce sont toutes ces traces de mains sales sur ma coque si amoureusement polishée...
En fait, le suif glisse si bien que le glissement induit, bien que première cause du "dérapage", a aussi empêché les rayures .... Cela glisse mais ne raye pas !
Quant aux sangles d'un éventuel levage par travel lift ou autre, effectivement il faudrait IMPÉRATIVEMENT penser à les relier ensemble pour interdire tout glissement !
Mais je crois que le plus sûr, ce sera encore de simplement suifer sur la cale à marée basse, comme les anciens .

21 sept. 2018

:pouce: :-D :-D :-D

21 sept. 2018

Quelle aventure !
Heureux que tout se soit bien terminé !
:pouce: :mdr:

21 sept. 2018

Ton canote a désormais une "glisse" d' enfer, et si c' est pareil en mer que sur la remorque, çà va aller viiiiiiite!!!!! :bravo: :bravo: :bravo: :bravo: :bravo:

Gorlann

21 sept. 2018

@heol: tu sais que c'est sur une rampe en bois suiffée qu'on mettait les bateaux à l'eau depuis leur chantier autrefois ... :heu:

21 sept. 2018

C'es ce qui s' appelle le chemin de Groix :pouce:

21 sept. 2018

penser a faire une grille de loto.... ou rester encore un peu sans rien faire...

21 sept. 2018

Si ça se trouve, t'avais pas besoin de la remorque.
Une petite pousse en haut de la côte, et ça arrivait direct dans le port...

21 sept. 2018

J'ai pris plaisir à te lire, tout est bien qui finit bien !
Pourras-tu nous faire un retour sur l'efficacité du suif en tant qu'antifouling ? Celle de lubrifiant de patin de remorque n'étant plus à faire !

22 sept. 2018

alors thierry ça farte ! :mdr: :mdr:
tout est bien qui fini bien :pouce:

22 sept. 2018

:pouce: Sacré histoire... sans le suif mais histoire un peu similaire de Thierry sur Troll lors d'un déplacement sur un ber à roue par un professionnel qui ne l'était pas trop !

Phare du monde

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2022