Incidents, peurs, fortunes de mer qui nous sont arrivés

Nota:
Pour la lecture future de ce fil, merci de ne pas faire de commentaires dessus mais seulement le le nourrir pas les récits de vos expériences.

Peur rétrospéctive:
En fin de saison,au moment du dématage, après six semaines de navigation le long des côtes atlantique, j'ai découvert avec effroi deux défauts qui araient pu avoir des conséquences graves:
- L'anneau brisé de l'axe de laison de l'étai avec la ferrure d'étrave s'était fait la malle, l'axe ne demandait qu'à suivre le même chemin...
- Le cavalier fileté d'ancrage des galhaubans en bout de barre de flèche était à moitié fendu, donc risquant de lâcher prochainement...
Si j'avais su, mais maintenant je sais je verifierai tout ça tout au long de la saison!

L'équipage
14 mai 2008
14 mai 2008

Toujours croire son baromètre
Une expérience qui date de septembre 1979 mais je ne suis pas prête de l'oublier.
Sur un nautile (8m), en Bretagne sud, on remonte tranquillement vers Groix. Grand beau temps, ciel bleu, soleil, pas un nuage à l'horizon, le bulletin météo de 12h (France Inter diffusait encore des bulletins météo marine à l'époque à 12h) n'annonce rien de particulier. Par contre durant tout l'après-midi, le baromètre va chuter constamment et très régulièrement. Le chef de bord, un peu d'inquietude dans la voix, dit (je l'entends encore) "il ne doit pas bien marcher". Et donc on continue sur Groix. Résultat, un très gros coup de vent dès le début de la nuit, force 8, avec surement des rafales à 9. Nous étions en fuite, sous tourmentin seul et le bateau avançait à une vitesse fantstique! Nous avons réussi à nous réfugier à Belle-île. Je tire mon chapeau à notre chef de bord de ce stage, car assurer la navigation et nous ramener sans encombre dans ces conditions a été un bel exploit, même si à l'origine, on aurait "du" se réfugier plus tôt dans un abri.
Depuis, je surveille très régulièrement le baromètre...

14 mai 2008

non non Tinou
celui la je le connais, j'y etais et c'etait ma 2eme annee de navigation. et pas avec n'importe quoi !!!! un peche promenade de 5 metres!!!!
J'ai reussi a mettre le bateau à l'abri a la Roche Seche, pour ceux qui connaissent, mais j'ai jamais su comment. Et pourtant c'etait bien plus tot dans l'apres midi; bien avant le force 8, heureusement!!!!

Une paire d'annee apres en juillet, il y a eu au meme endroit le meme genre de plaisanterie. Ca a duree 2 heures si bien que la mer n'a pas eu trop le temps de lever mais quand le coup de vent est arrive, tout le monde s'est retrouve avec les barres de fleches dans l'eau. Pas de casse ce jour la mais un gros coup de pot.

Tout les canot de la SNSM etaient dehors et le CROSS ETEL etait deborde. Sur le quai a Etel les epouses etaient alignees (y compris celle des pros, c'est pour dire) et commencaient a pleurer les disparus en mer.

14 mai 2008

Pas de précipitation
et ne pas faire plusieurs choses en même temps.

Lors de mon premier grain, j'étais sur le point de rentrer dans un port quand en une minute, on est passé de 15 à 45 noeuds de vent. Le génois était encore déroulé et nous étions dans un chenal d'un petit mille de large vent debout. Je me dis : je roule gégène et moteur vent debout le temps que ça passe (le grain était violent, mais visiblement n'allait pas durer longtemps).

Je roule donc le génois et au moment où c'est fait, je suis distrait par autre chose et je lache la bosse d'enrouleur. Gégène se redéroule dans un grand BANG mais n'explose pas.

Maintenant, je frappe la bosse au taquet avant de faire autre chose.

14 mai 2008

Touchez ma bosse, monseigneur !
:mdr:

15 mai 2008

Arrivée mouvementée
Début juin 2005, nous terminons notre transat retour, il nous reste quelques milles avant l'entrée du port de Lajes au Sud de Flores, la plus Ouest des Açores.

Une dépression nous ayant rattrapé deux jours plus tôt, nous avons été passablement secoués par une grosse houle de travers et un vent de Sud pointure 7 à 8.
En cette fin de nuit, la fatigue se fait sentir et nous sommes bien contents de voir les feux du Sud de l'île apparaître et grossir en même temps que le vent se calme d'un cran.

La houle est toujours aussi désagréable, aussi nous décidons de terminer au moteur, appuyés par la trinquette. L'approche nous parait longue mais nous passons enfin la pointe Sud de l'île, et nous découvrons les lumières du port de Lajes. encore 2 milles et nous y sommes.

C'est à ce moment que notre moteur baisse de régime et finit par caler. Je dégage la descente pour accéder au moulin. La houle nous secoue de plus belle, ça roule joliment. Pensant à une bulle d'air, j'essaie de me caler pour purger en tentant de redémarrer. Après une demi-heure d'essais infructueux, je capitule. Je n'arriverai à rien dans ces conditions.

Dans la séquence émotions, je choisis donc "prise de mouillage dans un port inconnu par vent fort et grosse houle avec moteur en panne" !

Bon, avec tout ça, nous avons loupé l'alignement. On renvoie de la toile et il nous faut tirer des bords pour se remettre dans le bon axe. Pendant ce temps le jour a la bonne idée de se lever et nous aide à y voir plus clair.
Le port est constitué d'une grande digue presque parallèle aux falaises de la cote. Suffit de passer derrière pour aller mouiller notre pioche.

En approchant, on aperçoit les mats des autre bateaux. Le mouillage est encombré, pas de place pour tirer des bords, on a droit qu'à un coup ! En virant pour rentrer dans l'avant-port nous nous retrouvons vite bout au vent. Nous réussissons à mouiller à quelques mètres des premiers bateaux. L'ancre n'accroche pas tout de suite mais finit quand-même par stabiliser le bateau, juste en dehors de l'abris de la digue.

Cette vicelarde de houle ne nous a pas oublié, elle vient nous souhaiter la bienvenue en faisant méchamment rouler le bateau.

Ce n'est pas le bon endroit pour se reposer ou mettre le nez dans le moteur, et avec les rochers tout proche, je ne suis tranquille du tout !

Il nous faut de l'aide.

J'explique notre situation à la VHF. J'ai choisi le canal 77, généralement utilisé par les voiliers pour communiquer entre eux. Peut-être que l'un d'eux a une grosse annexe avec un bon moteur.

Bingo ! Nous entendons des voix parler de nous et s'organiser. Pas de grosse annexe, mais en s'y mettant à plusieurs, ça devrait le faire !

Effectivement, un peu plus tard, nous voyons non pas une mais quatre annexes se diriger vers nous.
Le plus gros moteur doit faire 3 chevaux.
On amarre tant bien que mal tout ce petit monde autour de Sépia et ils commencent à pousser tandis que je remonte le mouillage en faisant des acrobaties pour rester debout tellement ça roule.

C'est comme ça que nous avons fait notre entrée dans le port de Lajes, escortés par 4 annexes, qui nous ont amenés tout au fond, bien à l'abris.
Merci les gars ! Vous êtes super !

Ouf !

Le bateau de nouveau stable
dormir, dormir, dormir ...

le lendemain, au calme, j'ai trouvé ce qui s'était passé.

Nous avons 2 réservoirs principaux de gaz oil, plus un petit de 20 litres sous le moteur dans le-quel vient puiser l'alimentation. Nous n'avons pas de jauge pour ce petit réservoir, mais nous savons qu'il nous donne une douzaine d'heure d'autonomie et en notant bien les heures sur le livre de bord, nous ne nous sommes jamais fait surprendre. D'ailleurs, peu de temps après avoir démarré le moteur, ce jour-là, j'ai bien pensé à ouvrir la vanne pour alimenter le petit réservoir.

Ce que je ne savais pas, c'est que le tuyau de liaison entre les réservoirs était complètement obstrué par de la saleté. Nous avons donc vidé le petit réservoir jusqu'à la panne sèche !

L'installation d'une jauge est toujours prévue sur ma liste des choses à faire...

Ma peur rétrospective, c'est quand j'imagine si le moteur s'était arrêté au moment de contourner la digue, à quelques dizaines de mètres des rochers...

15 mai 2008

Une visite pas ordinaire
Ben moi j'ai envie de vous raconter une grosse émotion qui m'est arrivée l'été dernier .
Allant vers Lymington en partant de Cherbourg , en solitaire, j'ai mis en panne en pleine nuit a quelques milles des Needles pour attérir de préférence au petit matin.
Je me suis couché dans le cockpit avec une couverture sur les jambes mais tout a fait réveillé. Nuit sublime , sans lune , de celles ou l'on a l'impression que l'on pourrait toucher la voie lactée de la main . A un moment je ressent un malaise , une présence , je me retourne et je vois une énorme masse noire , plus haute que longue , tous feux éteints , a dix ou vingt mêtres du bateau . On ne la distinguait que parcequ'elle se détachait sur le ciel étoilé en arrière plan . Vu sa forme ça ne pouvait pas être un bateau . Premier signe de vie , une petite loupiotte jaunatre s'allume au sommet ,plus haut que la tête de mat, suivie presque tout de suite par un puissant projecteur qui balaie Ommage de l'arrière a l'avant puis s'éteint me laissant complètement aveuglé , trempé de sueur , et tremblant de rage .Quand j'ai retrouvé l'usage de mes yeux , je l'ai vu s'éloigner toujours tous feux éteints et sans le moindre bruit de moteur. Il m'a semblé distinguer une sorte de vague d'étrave loin devant cette espèce de tour , d'ou j'en ai conclu ,sans certitude ,que c'était probablement un sous-marin.J'étais tellement secoué que je n'ai pas pensé une seconde a la VHF ou au radar ,et j'ai mis longtemps a me calmer suffisamment pour remettre en route .
Quelle choc , les amis !Mais seulement au sens figuré , heureusement !

Joël

15 mai 2008

Force 8 à 10 sans lunettes...
A chacun son Cap Horn…

ou L’ABER WRACH – CAMARET en 96 heures

Saint Malo - Septembre 2006
Quelques temps auparavant, j’ai subi une opération importante qui m’empêchait de naviguer depuis de trop nombreuses années ;

L’envie est donc forte de partir vers l’ouest, histoire de vérifier que les cailloux de Bretagne Nord n’ont pas « bougés » depuis 40 ans.

Je quitte donc St Malo en solitaire, le 13 septembre 2006 en direction de Camaret sur un Cognac, dans son « jus », prêté par l’un de mes amis.

Après des escales « classiques » à Bréhat, Lézardrieux, Perros-Guirec, Batz puis l’Aber-Wrach, je décide de rendre visite à un vieux copain qui habite près de l’Aber-Ildut. Une étape classique de croisière côtière dans le secteur de sinistre mémoire où s’est échoué l’Amoco Cadiz.

L’équipement de Rondine, mon Cognac, n°21 de la série, est celui de 1968 : voiles d’origine, lampe à pétrole et moteur hors bord. Seules modernités, je dispose d’un GPS portable et d’un pilote automatique.

C’est ainsi que le 20 septembre, vers 10h 30 je largue ma bouée dans l’aber par un vent faible de sud-est. Le plafond nuageux est bas, gris, comme souvent dans ces parages.

A l’approche du Libenter, le courant étant toujours contraire, je démarre même le hors-bord durant une heure ou deux. L’après-midi s’écoule paisiblement, en route vers la grande basse de Portsall. Le courant devient enfin favorable, la visibilité reste médiocre, le vent toujours faible de sud /sud-est. Cette direction m’oblige à tirer un bord vers le sud-ouest, bien aidé, toutefois, par le courant. En fin d’après-midi, je vire de bord vers le phare du Four, proche de l’entrée de l’Aber-Ildut.

Il est prés de 20 h, quand je me présente aux abords de l’aber, la nuit est là. Verts, rouges, fixes ou scintillants, les bouées et les phares du chenal du Four ne manquent pas. Les feux de la côte des « naufrageurs » sont nombreux. Trop nombreux à mon goût. Au milieu de toutes ces lumières, je n’arrive pas à trouver le feu à secteur directionnel de l’entrée de l’aber. Le GPS m’indique bien ma position, mais reporter la position à la lampe de poche n’est pas simple et les cailloux sont proches.

Il me semble plus raisonnable d’attendre le jour pour rentrer dans la rivière. Je décide donc de capeyer dans l’ouest de l’aber. Grand-voile ferlée, sous foc seul, le courant poussant vers le sud, le pilote n’a pas de difficulté à maintenir Rondine sur un cap au sud-ouest en direction du plateau de la Helle. Toutes les deux heures, j’empanne pour rester dans cette zone. Vers minuit, le vent fraîchit sérieusement, force 5 probablement. Le clapot rend la situation inconfortable. Rappelons que le Cognac ne fait que 7.30m. Dans la nuit, la situation devient sérieuse. J’ai du mal à estimer correctement la force du vent. Je ne sais que trop bien que, la nuit tout parait surdimensionné, mais, une certitude, cela souffle fort

A l’aube, j’aperçois une tourelle. Bien difficile à identifier d’autant plus que je ne trouve plus mes lunettes. Et puis, autant l’avouer, je suis un peu somnolent. Cela m’apparaît évident, le vent est établi à 35/40 nœuds de sud-est. Je n’ai aucune visibilité et me demande si je ne me situe pas plus au nord, dans l’est d’Ouessant. Mais impossible de retrouver mes lunettes, sans lesquelles je ne peux lire depuis une dizaine d’années. En fuite, afin d’économiser la batterie du pilote, je barre entre 90° et 110° du vent, à 5/6nds. Cela m’amuse de penser que, si cela dure un peu, je serais en Irlande dans 2 jours! La mer reste maniable. Le fetch n’est que de 2 m à 2.5m. Ce qui m’inquiète, c’est que le vent semble continuer à fraîchir.

Mais, en début d’après midi, à la renverse, vent contre-courant, la mer devient mauvaise, hachée et déferlante. Par deux fois, des vagues vicieuses remplissent partiellement le cockpit. C’est totalement inhabituel. Je me vois mal continuer à barrer dans ces conditions.

Pourtant correctement amarrée, la bouée fer à cheval s’envole. C’est le déclic : « Basta, cela commence à bien faire ». Je me décide à affaler le foc 1. Autant l’avouer, il y a bien longtemps que je ne m’étais livré à de telles acrobaties sur un aussi petit bateau. Et dire qu’il n’y a pas si longtemps je passais de longues journées sur un lit d’hôpital ! Je ne connaissais pas mon bonheur!

Je me situe dans le nord-ouest d’Ouessant, et empanne. Rondine obtempère sans aucune difficulté. Vers 16h, le bas-hauban bâbord, sous le vent, flotte dangereusement. Je suis obligé d’aller le reprendre avant qu’il ne se dévisse totalement. Un vrai plaisir ! Heureusement, j’ai de l’eau à courir avant d’atteindre les côtes anglaises, dans mon nord. La chaise du moteur hors-bord donne des signes de fatigue, mais je me vois mal rentrer ce moteur. Je le saisi solidement.

Le foc ferlé serré, la barre amarrée légèrement au vent, le bateau tient une route correcte vers le nord-est en cape sèche entre 90 et 120° du vent. C’est presque confortable, j’en suis surpris. A une vitesse de 3 à 4 noeuds, Rondine embarde en gardant une gîte de 30 à 50°, somme toute, acceptable. Avec régularité, après un choc de la vague sur son flanc tribord, plus ou moins violent, il glisse sur son bouchain sur la crête en gîtant et abattant légèrement avant de subir la vague suivante. Après quelques minutes d’inquiétude, je me suis habitué à ses mouvements. Il faut préciser que ce bateau possède un aileron important devant le safran. Merci Monsieur Harlé !

Les embruns volent à l’horizontal, les haubans sifflent. Je commence à penser que le vent est plus prés de 50 nds que de 40, peut-être même plus. Ce qui me soucie, c’est que le suet peut durer plusieurs jours.

Je me félicite de ne pas être équipé de l’enrouleur qui équipe la majorité des croiseurs modernes car j’imagine le fardage et les coups de gîte qu’il entraînerait!

Dans la soirée, je suis manifestement sur le rail montant, dans le nord d’Ouessant, car dans l’après midi, une dizaine de cargos, porte-containers et autres chimiquiers me croisent, le nez dans la plume. Plusieurs mastodontes aussi, chargés de containers. Dans la boucaille, la visibilité reste faible et j’ai conscience d’avoir eu une certaine chance mais aucun ne me frôle. Je m’astreins à une veille régulière, à l’abri de la capote bienvenue, mais il m’est impossible de regarder au vent tant les embruns me mitraillent !

La mer a grossi. Les vagues font sans doute 3 m, difficile de le dire. En tout cas, leurs crêtes volent à l’horizontale. De temps à autre, un choc violent frappe le bordé au vent. Les vibrations des haubans, le hurlement du vent sont insupportables. Je ne veux pas imaginer que le vent dépasse sûrement 50 nds, pourtant les crêtes des vagues sont arrachées, les embruns volent en permanence à l’horizontal. Dans les surventes, le sifflement est incroyable, lancinant.

Habitué aux embardées de mon brave Rondine , j’alterne les périodes de demi-sommeil et de veille, histoire de me donner bonne conscience. Mais je n’aperçois plus aucune lumière lors de mes tours d’horizon nocturne…

Au petit matin, je retrouve mes lunettes dans les fonds. Mon GPS m’indique : 49°25N 4°29W. Parti pour du cabotage côtier, je ne dispose plus de cartes pour reporter ma position. Par rapprochement des points indiqués sur l’Almanach du Marin Breton, je me situe à la hauteur de Guernesey et de la pointe de Pontusval. Avant d’atteindre les côtes anglaises du côté de Start Point à 55 milles, j’empanne et mon Cognac obtempère docilement. Mon nouveau cap me dirige vers l’Amérique… Depuis la fin de nuit, je ne vois plus de feux. Tout en restant fort, le vent a faiblit. Il n’y a plus ces surventes qui couchent le bateau pendant de longues minutes.

Je commence à restreindre ma consommation d’eau car il ne me reste en tout et pour tout qu’une bouteille de 1.5 l. De temps à autre, j’éponge quelques litres d’eau dans les fonds, provenant d’embruns et de pluie projetés régulièrement par le panneau de descente. Mais dans l’ensemble, mes habitudes de vieux célibataire font que tout à bord est en ordre, correctement saisi.

Evidemment, je reste en permanence habillé en ciré complet et mon âge certain se contente de peu de sommeil… Coté nourriture, j’arrive à me cuisiner des oeufs sur le plat. La journée est rythmée par les cafés et les soupes dont je ne manque pas. L’avantage d’un petit bateau est que tout reste à portée de mains…

Les heures s’écoulent régulièrement, bien calé sur la couchette sous le vent et, entre un café et une soupe, une certaine routine s’installe. La lecture des maximes d’un vieil Almanach abandonné dans un équipet me rappelle qu’ « il vaut mieux avoir un troisième enfant qu’un congélateur neuf… ». De temps à autre, je pousse une gueulante, cela soulage.

Dans la soirée, j’aperçois trois trombes à l’horizon simultanément, ce que les journalistes appellent improprement mini-tornades! Je n’en avais jamais vu !

Une nouvelle nuit s’écoule, j’ai pris mes marques mais le sifflement du vent dans les haubans est toujours aussi insoutenable. Il me semble que le vent tourne légèrement vers l’est. Je m’assoupis quelques heures, et au réveil, surprise ! A l’aube du 23, tout est calme, c’est terminé. Tout cela est relatif, mais le vent a sérieusement mollit, il n’y a sans doute plus que 25 à 30 nœuds d’est. Que du bonheur ! Le GPS m’indique la position : 48°56N 7°58W. Je constaterais après coup que je me situais à 110 milles dans le nord-ouest d’Ouessant, à 75 milles des Scilly et 135 milles de Camaret .

Dans l’après midi, bien que la mer soit encore formée, le vent ayant progressivement tourné vers le nord et faiblit, je remet en route vers l’est en renvoyant la grand-voile avec un ris et le foc 1. Rondine, sous-toilé, plante des pieux, mais cela permet au bonhomme de récupérer. Grâce aux quelques ampères économisées le pilote fonctionne honorablement durant toute la nuit. Progressivement, la mer se calme. Ce bord vers l’est me parait interminable.

En fin de nuit, je croise de nouveau les cargos. C’est bon signe. Dans la matinée, le vent mollit à force 2 à 3 de nord! Le GPS me situe à 48°35N 5°07W soit 7 milles dans le nord-ouest d’Ouessant. L’horizon est toujours bouché.

Dans la matinée, la visibilité se dégage, dans l’est j’aperçois Ouessant puis, deux heures plus tard, la pointe St Mathieu. La journée du 24 s’écoule paisiblement en mer d’Iroise dans un vent faible de secteur nord et une mer résiduelle. Durant l’après-midi, je longe les Tas de Pois sous le soleil avant d’arrondir la jetée de Camaret à 18h, en tee-shirt. Rondine a effectué les 35 milles de l’Aber Wrach à Camaret en 96 heures mais aussi plus de 350 milles sur le fond !

Je m’empresse de téléphoner à mon PC à St Malo. Mon ami Patrice est soulagé, c’est un euphémisme, de m’entendre. Marin expérimenté, n’ayant pas de nouvelles de ma part depuis 4 jours, mes copains et lui étaient à deux doigts de déclancher les secours. Heureusement, le vent à St Malo était beaucoup plus faible et ils n’ont pas imaginés les conditions réelles que je subissais.

En consultant ultérieurement les relevés météo, j’ai découvert que METEO CONSULT prévoyait sur Manche Ouest : Vent force 8 à 10 de sud-est- 50 à 55 nds -70 nds sous grains

Et que la bouée des Scilly à quelques dizaines de milles a enregistré le 21 septembre à 17h : un « vent moyen de 48 noeuds et des pointes à 70 nds. »

Si c’était à refaire :
- J’aurais étudié de prés le passage à terre plus court entre l’Aber-Wrach et l’Aber-Ildut.
- J’aurais écouté plus attentivement la météo.
- J’apprendrais à mieux utiliser le GPS portable.
- Et surtout :
- J’emporterais une carte « routière ».
- J’emmènerais une deuxième paire de lunettes

Philippe MOUTON dit localement « Vito Dumas »

16 mai 2008

Chapeau bas
Quelle maîtrise, voilà une belle expérience d'un vrai marin.

RV

16 mai 2008

c'etait peut etre

le calmar geant de kersauzon

16 mai 2008

J'en ai plusieurs
1- lors de ma premiere croisiere avec mon premier bateau (first 210) en remontant de La Rochelle patte de fixation de l'enrouleur qui a cassé. Vent qui monte, clapot court classique dans le pertuis.Et je ne m'en suis pas aperçu. Gros probleme pour regler le genois mais je n'arrivais pas à comprendre d'où venait le pb (premiere croisiere expérience proche de pas grand chose). Près execrable.11H por faire la route( avec une pause de 2H sans vent). Mais finnalement arrivé à bon port sans avoir detruit la voile. Gros coup de chance.
(Avec l'expérience, je sais maintenant que si je ne peux régler correctement un bateau c'est qu'il y a un problème et que ça ne vient pas de moi.)

2- Lors d'un carrenage, la goupille d'étai a du plaire à quelqu'un puisque lors de la remise à l'eau elle n'était plus là. Là encore j'ai eu de la chance, un copain qui passait s'en est apperçu. Moi je n'avais rien vu. Depuis je controle avant chaque sortie si tout est là, assuré...

3- en rentrant à Noirmoutier, sur de moi en fin d'après midi, je n'ai pas été assez précis sur le cap à suivre et les perches à prendre en compte. On a manquer de s'échouer peu avant le port, sur les roches devant la petite plage à gauche.
Depuis, je donne un cap, je vérifie que la personne à bien compris ce que je voulais dire et bien reperer les alignements, et pendant que je m'affaire je jette quand même un coup d'oeil.

4- Avec le First 210, je pouvais en faisant giter le bateau au près, mettre ou enlever le loch sans faire rentrer d'eau.
Début juin, je sors, je me mets au près, tout bordé, je bloque le pilote, jette un coup d'oeil autour de moi. Ok juste un petit bateau qui semble dériver sous le vent à bonne distance sans signe particulier. Je descends. Enleve le bouchon avec difficulté, met la sonde, l'axe et la goupille qui m'échappe un fois des mains. Je prends plus de temps que prévu. Je remonte et là à 30m, le bateau apperçu peu avant. Il ne dérive pas il est au mouillage. Il ne peche pas mais a des plongeurs. Je me jette sur le pilote, pousse la barre et met en panne. Ouf personne de blesser mais moi mort de trouille à posteriori.
Depuis je ne me fis plus à ce je crois deviner.

5- le classique coup de bome sur la tête pour avoir oublier de me baisser. 3 fois déjà; merci le bonnet dans 2 cas, le 3eme m'a laissé une zone douloureuse pendant pres de 2 mois. Je n'ai pas trouvé de parade autre que le casque. Mais naviguer avec un casque :-(

6- La batterie sans entretient qui se renverse après avoir arraché ses fixations dans un coup de vent. J'ai apris que sans entretient, ce n'est pas comme étanche lorsque j'ai du nettoyer l'acide. Mes mains s'en sont apperçus et mes vêtements aussi.

Voilà.

STéphane

06 nov. 2009

tout bete et....trop bete
croisiére en NORVEGE (oslo/bergen et retour)sur MINIOU quillard relevable issu du "GLENANS 5,70m")
LES noms Norvégiens etant inhabituels pour nous(Haveneskham!Suskhedeman!Mosterham!)pour renter des WPTS d'entréé de port....je me suis tt simplement trompé de nom....Heureusement nous naviguons toujours en critiquant et vérifiant avec le paysage réél!(à noter certains coins de la cote ne montrent aucun amer des sapins et collines à perte de vue...)
Vite réctifié....nous allions sur des cailloux

06 nov. 2009

mercredi 12 juillet 2006 4h45 200 MN sud des açores
je remonte depuis plus de 20 jours en solitaire depuis la côte nord du Brésil.

"
à 3 m près c'etait termine.

Pile au moment ou je me lève pour assurer la veille, je sens le bateau se soulever sur une vague inhabituellement grande.
Je sors et là instantanement je comprend que cette vague est la vague d'étrave d'un cargo qui vient plein face.
je vois la coque défiler. C'est un gros. Mais en 1 seconde je m'aperçois que le génois est pris à contre et que le bateau qui est alors à peu pres a 5 m de la coque du cargo commence à s'en rapprocher.
Je saute dans le cockpit, libère la barre et la tire à fond pour essayer de contrer. ça va pas passer, Je vois l'arrière du cargo arriver. Je vais toucher.
Et non. Je suis passe. le bateau n'a rien, on n'a pas touché.
A 3 m près je me prenais le bulbe en pleine face et c'était fini. C'est pas comme si je me l'étais pris de cote. Là, plein face, c'était fini.

Je l'ai appelé à la vhf. Rien. Aucune réponse. Il n'y a personne à la veille. Il y a 12 nds de vent, la mer est plate. son radar m'a forcément vu et s'est forcément déclenché. mais personne n'était là pour l'entendre.

J'ai hurlé ma colere dans la nuit à en m'en détruire la voix."

06 nov. 2009

Force 11 dans le Golfo di Squillace
Nous allions de Croton à Rocella Ionica. prévision météo sur le canal68 italien (en continu) 3 à 4 cd NW. Après une dizaine de miles le vent monte à 6 les nuages barrent l'horizon. Comme il reste une bonne cinquantaine de miles à faire et qu'on est deux petits vieux je mets le moteur et je ramasse les voiles. Un voilier Italien qui faisait la même route continue et passe devant nous. C'est mieux la voile.
Une heure après, le temps se brouille sérieux et je vois le voilier assez loin devant mettre brutalement en fuite le mât visiblement cintré à l'envers, la tête de mât se penche vers l'avant. puis tout disparaît dans un brouillard d'eau pulvérisée.
Nous nous réfugions dans le salon de pont d'^ù je dois barrer à la main, le pilote est impuissant. Les vagues se précipitent en rangs serrés et je dois négocier chacune d'elle. Trop de face et on enfourne la vague suivante, trop de travers et on se fait coucher. Ma femme n'apprécie pas trop, et moi non plus mais je chantonne pour faire croire que c'est presque anodin. N

ous devons rentrer la chienne qui est trop exposée dans sa niche à l'arrière. Le vent va monter régulièrement jusqu'à force 11. Bien entendu nous marchons au radar car je ne vois que les vagues qui arrivent pas plus loin. Malgré nos 50 CV nous ne progressons qu'à 2,5 noeuds mais le moteur n'est pas à fond, peur de tomber trop vite de trop haut.

Puis au bout de 4 heures très stressantes, le vent tombe et la mer devient lisse à l'abri de la côte que nous avons fini par rejoindre. Nous devons continuer au moteur pour entrer au port car il n'y a plus de vent.

je me pose deux questions. Comment font ceux qui doivent barrer de l'extérieur ? Ca doit être l'enfer glauque et glacial !
Comment faire si c'est de nuit ? Là on ne pourrait pas voir les vagues arriver pour les négocier...
Je crois que la fuite aurait été la seule solution possible.

Un détail ! Le lendemain le moteur était en panne !
Un autre détail/ D'après les Italiens du coin ce golfe peut se montrer parfois très brutal et dangereux. vaut mieux l'éviter si possible.

Faut être fou !

06 nov. 2009

en voile légére ça compte ? :p

ma mémoire faisant défaut je vais juste raconter le dernier incident en date.

un journée d'aout 2009 voilà 4/5 jours que l'on attend le vent, cette aprem du 5 est annoncé, mais pour l'instant rien.
On grée quand même notre petit hobie cat 16 le cousin va arriver aussi on espére bien pouvoir se tirer un peu la bourre.
On par trankilou a l'eau le vent monte le 5 tant attendu est enfin là peu être 6.
On est au montant donc on peu partir dans la passe de maumusson on va aller faire un peu de surfe si les vagues sont elle aussi au rendez vous. il n'y a pas encore tout a fais asser d'eau pour que la houle rentre dans la bais. les bord sur une coque en double trape se succède mais il faut re rentrer dans la baie pour aller chercher le cousin. je me rapproche des banc de sable de la pointe sud de l'ile d'olérons l'eau est plate et il y a un petit venturi dans ce coin on devrait être au traver/largue.
Le bateau par dans des grande accélération. Le soleil la banane l'eau vole partout on est vraiment a fond a peine 5 cm de l'étrave sous le vent dépasse de l'eau. Et LA BAMG un coup de fusille je voie le cable du hauban partir dans le ciel, le mat tombe tout doucement en même temps que le bateau ralenti, on venait de démâter.
vent, courant et un plaisancier nous on ramené a la plage ou on a mis 2h pour tous démêler et démonter alors que tous le monde s'éclatait dans ce qui a du être l'une des plus belle journée de l'été :/
Le lendemain on a pu réparer et repartir pour une très belle journée.

06 nov. 2009

pile poil !

Juillet 1987

Départ de Cherbourg pour une année sabbatique sur MEERMAN, un Litham de 10.40. Equipage mon épouse et moi.

Bateau acheté en décembre 1984 et vérifié de la proue à la poupe et de la quille à la tête de mât. J'étais et je suis toujours persuadé que la préparation est primordiale pour la réussite du voyage donc rien n'a été oublié. Préparation validée bien sur par des navs en Manche dont qq unes bien costaud !

Donc nous quittons Cherbourg un samedi matin et décidons de faire route directe vers la Corogne. 110 heures de traversée.

Ceux qui avait déjà fait la route nous disaient de ne pas aller à la Corogne et si on y allait c'était trop facile avec le phare d'Hercule, on ne voyait que lui, tellement il est immense.
Quelques miles avant d'arriver, la brume tombe.......plus de visi, nous continuons à l'estime et nous allons finir au sondeur........... nous avons l'habitude.....

La mer changeant car les fonds diminuent, nous mettons le sondeur en route, de mémoire un seafarer à éclats. (Pas de GPS à bord, )celui ci tourne 5 minutes avant de s'arrêter....... vérification dans l'urgence, bilan : la pile est morte et quel C.., je n'en ai pas acheté de rechange ! ! ! moi qui avait tout prévu ! et M......

Et soudain, dans une éclaircie très très brève, nous apercevons la grande tour au loin ! c'est donc le phare d'hercule
YESSSS route dessus
Mais au bout d'un moment, nous commençons à douter tellement la mer devient anormalement agitée..... où sommes nous ? nous passons au moteur au ralenti...

Coup de chance extraordinaire, la brume se lève et nous apercevons, à notre grand effroi, le torré de Hercules sur notre bâbord ! ! alors qu'il doit être laissé sur tribord pour rentrer dans la baie.... nous étions en train de rentrer dans la baie mal pavée qui se trouve à l'W du phare, heureusement nous étions à marée haute ! !
Nous virons de bord immédiatement , buvons chacun de l'eau au goulot de la bouteille, signe de grand stress et allons nous mettre au mouillage derrière la digue....
Nous avons été sacrément chanceux, notre voyage aurait pu se terminer à peine partis ! !

Et pourtant mes potes qui m'ont formé (et je le répète souvent aujourd'hui quand je forme) me disaient toujours de ne jamais se servir d'un amer sans être sûr de l'avoir identifié.... en effet , nous avions tellement entendu parler de cette tour du phare qui était immense, que nous avons pris nos désirs pour des réalités.
C'était effectivement une immense tour que nous avions vu, mais c'était celle d'un usine bien au sud de la baie......
En plus j'étais fâché après moi pour 2 raisons:
je n'avais pas prévu de pile de rechange, c'était une pile carrée de 9 volts, et nous avons eu bien du mal à en trouver une à la Corogne..
Je me suis rendu compte après que ce sondeur fonctionnait aussi directement sur le 12 volts, et que je n'aurais eu qu'à tirer un fil pour avoir un sondeur ! !

Miguelito Kafailliperdresonbateau

06 nov. 2009

tempëte 2003
je ferais pas long la flegme
en 2003 après avoir attendu 3 jours la venue de la tempête qui ne venait pas dans la baie de fornel, nous sommes partis toute la journée pécher le petit thon, et à 20heure décision fut prise de rentré à port Camargue, 22 heures une montée du vent linéaire et 55 nœuds de vent dans la tronche, moteur en marche nuit noire rafale 60 nœuds parfois, harnaché, les copains enfermés dans le bateau, à la barre toute la nuit, pipi dans le pantalon,au petit matin en vue du cap d'Agde, une voie d'eau ,l'ancre qui a sauté et percée la coque, dans l'étrave, la ou je passé 90 litre de carburant j'ai passé 300 litres, et toute la nuit je pensé que certainement,nous serions obliger de nous mettre dans le bib, et je pensé à tous ce qu'il aurait utile d'embarquer.Mais non le bateau a résisté, les hommes aussi, réparation du trou à terre, et la semaine d'après re en famille sur porquérolle. Voila ouf excusé les fautes sui nul en francaiç . au fait le bateau un FAST 38 construction amateur version quillard

07 nov. 2009

Casse safran au large du maroc
Mon expérience la plus difficile, mais en même temps très enrichissantes, c'était quand j'avais cassé mon safran au large du Maroc Atlantique. Pas grand chose à écrire, mais voici le lien vers mon miniblog avec vidéos et commentaires.

www.batothon.com[...]tep.php

07 nov. 2009

Grosse peur cet été 2009
Fin août je suis en solitaire dans le golfe de Gascogne, entre le cap Ortegal et Arcachon (pile au milieu). Vent nickel, tout va bien, il fait jour et beau. Je descend dans ma cabine, choppe ma guitare et commence à bosser un truc qui m'absorbe entièrement ... tellement que je pense plus à rien d'autre. Pis soudain, là, en pleine mer, j'entends un gros bruit de sirène ! Putain de panique, je m'éjecte dans le cockpit et je vois un gros bateau de pêche me croiser à 10m sur mon arrière, avec les péchous espagnols qui me font coucou d'un air bizarre et le patron qui me balance un discours mi-agressif/mi-moqueur sur sa "sono". Les mecs rentraient de pêche, à fond et tout droit, rien à foutre, ils se sont déroutés au dernier moment (p'têt qu'ils ont cru que j'avais plus de couilles qu'eux !).
D'un côté, j'étais sous voile et au près, j'avais largement la priorité. D'un autre côté, j'avais complétement zappé la veille. Mon principe en mer, c'est que j'ai jamais la priorité, encore moins avec les pêcheurs et les cargos ... Au total, j'avais le palpitant à 100 à l'heure pendant des heures. Les chocottes, ils m'ont filé des énormes chocottes ! Une trouille bleue.
Olivier

07 nov. 2009

Arcachon-Boyardville en 36 heures
Cet été là, un de mes équipiers m'appelle désespéremment à l'aide pour l'aider à amener dans l'urgence son Sangria d'Arcachon à Boyardville. Il a imprudemment mis son bateau à l'eau, mais le port est saturé et il ne sait trop ou aller, si ce n'est à Boyardville où il bénéficie d'une place pour le mois.
Départ de bon matin, pour franchir les passes du Bassin à la bonne heure de marée, mais le vent souffle du nord à un bon force 5. Je ne suis pas du tout chaud pour entreprendre ce périple sans aucun abri à bord de ce bateau (Sangria), maté la veille et que je ne connais pas, mais qui m'a tout l'air d'être assez fatigué et mal équipé : pas de table à carte, ni de table tout court d'ailleurs, pas de pilote, wc condamné, pas d'installation électrique, voiles genre sacs à pommes de terre, etc, juste une carte, une vhf et un Gps portable. On part sur l'insistance du skipper (si si, c'est un bon bateau, il fait un bon près,etc). Je cède...
Sortie sans souci de la passe nord, cap au 360, le vent pile dans le pif, un bon clapot d'1 m 50 ou 2 m. Le skipper attrape instantanément le mal de mer et doit aller se coucher.
Je vais passer tout seul la journée à tirer des bords, en me prenant un seau d'eau dans la g... toutes les 30 secondes, sans manger, sans boire rien de chaud (réchaud camping-gaz tenu par un fil de fer inutilisable dans ce clapot). La nuit tombe, le skipper dég... de plus en plus, il est trempé (le hublot de la cabine avant a une entrée d'eau), dans une espèce l'état de catalepsie. Le bateau tape comme une grosse caisse sous les coups de mailloche à chaque vague. Je continue tant bien que mal le long de la côte médocaine, en attachant la barre pour faire quelques points, après m'être rincé les lunettes, avoir trouvé la petite lampe de poche, un bout de crayon, réussi à mettre le gps récalcitrant sous tension etc. Je suis obligé d'utiler la porte de la descente sur les genoux en guise de table à carte. Impossible de s'aider au moteur (hors-bord) dans ce clapot, même pour pisser j'ai des soucis, peur de passer par-dessus bord, le fond du cockpit est suffisamment rincé pour servir de ch....!
En milieu de nuit, je décide d'aller au Verdon par la passe sud de Cordouan pour me reposer un peu, mais inlassablement le courant de jusant de la Gironde me ramène devant le phare d'Hourtin. 3 heures à tirer fes bords plats.
Là, complètement épuisé, j'avoue avoir un moment pensé à demander de l'aide à un chalutier ou au Cross Soulac. Finalement, je me dis que nous ne sommes pas en danger, la mer est maniable, le bateau aussi, et je ne veux pas être de ces plaisanciers qui demandent assistance pour un rien. Donc je mets le cap au large, loin des chalutiers et des dangers de la côte, barre amarrée (bravo le Sangria pour sa stabilité de route) et je vais me reposer et dormir un peu, assis dans le carré. On verra plus tard....
Au petit matin, la mer est plus plate, j'entends dans une espèce de demi-rêve démarrer le moteur..... c'est le propriétaire du bateau qui s'est rendu compte de mon état et qui a réussi à sortir, à rouler le génois et faire route directe sur Chassiron.
Partis à 6 heures du matin la veille, on arrivera à Boyardville à 6 heures du soir le lendemain, ivres de fatigue... et à mon domicile au milieu de la nuit suivante, en se relayant à 3 personnes au volant de la voiture venue nous récupérer.
Bonne leçon, on ne m'y reprendra plus à naviguer sur un bateau inconnu !

07 nov. 2009

Trouillomètre

Dans une brume épaisse on avance molo au moteur. Du cockpit je ne vois pas ma copine qui guette à l’avant. C’est notre première vrai purée de pois.
Dans la ouate un bruit sourd et continue. Un bateau de pêcheur sûrement, mais où ?
GPS nous dit : va tout droit c’est tout bon et le sondeur est content. D’après la carte on va vers la bonne direction.
D’après mes oreilles grandes ouvertes, le bruit vient de bâbord, la côte est à 1-2 miles
Tout d’un coup un bateau fantôme surgit du néant et passe à tribord, à environ 50 m de nous.
3 pêcheurs travaillent tranquillement à l’arrière.
En nous voyant l’un d’eux rentre en courant à l’intérieur en gueulant.
A peine remis de la tension, on croise 2 petits hors- bord côte à côte, 50 m à notre droite, qui pêchait tranquillement dans la brume…
Ils ont dû avoir chaud aux fesses…
On a eu peur pour eux.
Visiblement eux n'ont rien vu....

Les Eclaireurs près d'Ushuaia, Argentine.

Phare du monde

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2022