Nuits en mer , les premières !

Mais t'es un équipier super. On te pose sur le pont et tu veilles toute la nuit, et ça pendant 3 jours. On va en Galice ou en Irlande peinard avec toi.
Sinon, j'ai pas de solution.

Salut Megalodon ,
Bravo pour ta nav .
Je ne vois rien d anormal à quasiment n avoir pas fermé l œil .
Au départ, souvent une savoureuse alchimie d émulation, d adrénaline, de stress. La tension nerveuse est bien présente quoi qu on dise.
Et comme ça tu n as rien loupé de la nav 🐒🐒.
Pour ma part , ce sont les navs de 2/3 jours que je trouve les plus difficiles sommeillement parlant.
Ensuite , on rentre dans le rythme , dans une espèce de torpeur ou l on enchaine les petites siestes indépendamment du jour ou de la nuit.

Il est recommandé d’attendre de « tomber » , et d’en profiter pour aller dormir à ce moment.

Aucune personne ne peut rester très longtemps sans dormir, notre cerveau n'ayant pas la possibilité comme les oiseaux de dormir par moitié et dans tous les cas devant impérativement rétablir ses constituants énergétiques et faire du trie dans les montagnes d'informations accumulées.
Le problème en navigation vient surtout des conséquences des périodes irrépressibles de sommeil et des phases d'absences bien réelles qui échappent totalement à la conscience du sujet alors qu'on compte sur lui

1) Le calme c'est le pire pour dormir car trés bruyant (moteur et trucs qui bringuebalent sur le pont car pas en tension). Par contre quand il y a du vent, les doux mouvements du bateau, les bruits de l'eau qui s"écoule le long de la coque, un rëve pour dormir.

2) pour aimer la nuit en bateau ça aide un peu si on a un poil de ces traits de caractère: contemplatif, poëte et philosophe. Sens-tu la présence de ces aspects la dans ta personalité ? C'est une question sérieuse. C'est un moment de communion avec la nature. La gourmandise aide aussi, un bon moment pour grignoter.
Etre d'un naturel confiant et optimiste aide aussi, les nuits doivent être pénibles pour ceux qui pense qu'à la passerelle de chaque cargo se trouve un pervers qui veux les éperonner (Just because you're paranoid doesn't mean they aren't after you..Joseph Heller).
Aussi avoir une bonne capacité de résilience aide. Les plus grandes satisfactions viennent souvent à la suite de trucs assez durs.

3) le froid est trés pénétrant en bateau, même en été dans nos régions, être bien habillé, un thermos d'eau chaude aide aussi pour le thé et le café

4) un bateau bien en ordre est primordial.

5) La nav de nuit à petite dose ça fatique, quand on est dans le rythme sur 2 semaines par contre on s'adapte. Ne pas tirer de conclusions trop hätive sur un saut de puce trans golfe, c'est pour cela aussi que je parlais de résilience ci-dessus.

Non,ton rêve de marin n'est pas compromis.
Je suis exactement dans la même situation que toi. Et il me faut plus de 3 jours pour prendre un rythme de sommeil fractionné.
Nous sommes des terriens et la mer n'est pas notre milieu naturel.

Les premières nuits, pour s'isoler des bruits ambiants quand on sait que quelqu'un veille : boules Quies, bouchons d'oreille, pour moi c'est très efficace.

Je les utilise aussi en d'autres occasions : en bateau au port et à la maison quand les voisins font la fête !

Comme tu nous demandes de te raconter notre première nuit en bateau, je ne peux pas résister de radoter un peu sur ma jeunesse. J'avais 16 ans (il y a trés trés longtemps), j'étais à ce moment tellement nul à l'école que mes parents (qui sont l'opposé d'être des idiots) décident de me sortir de l'école fin avril et de m'envoyer en angleterre 4 mois (jusqu'à la prochaine rentrée) apprendre l'anglais chez des amis d'amis.
Il se trouve que cet anglais avait comme boulot de convoyer des bateaux.
Du coup je me retrouve à Lymington avec lui et deux autres personnes pour convoyer Dione un superbe plan Olle Enderlein en acajou massif de 16m (photo en annexe) cap vers Kinsale en Irlande. Je faisais partie du deuxième quart. On me réveille et je me souviens du choc visuel de la beauté cette nuit par beau temps avec un peu de lune. Je me souviens du temps trés trés calme et qu'on s'était approché d'un autre voilier pour voir si on pouvait tailler le bout de gras avec lui 2 minutes pour faire passer le temps, on a été fraichement acceuilli par un "fuck off, leave me alone !". Mon skipper anglais m'expliquant par la suite que les navigateurs solitaires sont parfois de drôle d'oiseaux. Mais surtout ce souvenir de choc esthétique. Belle mer, beau ciel, beau bateau. Toujours mon fil conducteur à ce stade ci de la vie, quand vous le pouvez entourez vous de belles choses et de beaux endroits, ce n'est pas toujours possible mais le beau ne coûte pas nécessairement plus cher que le moche. Voila pourquoi je pense que si on est sensible à ça le reste (fatigue etc.) passe mieux en nav. de nuit.

Salut
Je dois être (très) chanceux... Je ne me suis (encore) jamais senti barbouillé.
Je traverse régulièrement le Golfe en solo et je n'ai jamais eu de problème pour bien dormir les deux (ou parfois trois) nuits de la traversée. en tranches de 20 mn. J'en fait souvent 5 ou 6 de suite avec un rapide tour d'horizon et des instruments entre chaque session.
Les premières fois, il y a des années, je me suis obligé à penser à autre choses qu'à la marche du bateau pour fermer l'oeil. Le remède a été de penser à ma copine :)
Ceci dit la marche du bateau, les mouvements et rythmes restent présents dans un coin du cerveau, mais j'arrive à dormir 4 à 5 heures par jour, en temps cumulé et ça me va très bien.
Fañch