Retour d'expérience : Lérins 08/18

Je me lance.

Après presque un an de consultation silencieuse, j'ose poser un sujet, là, comme ça. Avec tout autant la volonté de témoigner que d'avoir l'avis d'expérimentés pour mieux réagir la prochaine fois car elle arrivera sûrement, un jour, en mer ou à terre. Mais peut-être qu'une petite contextualisation avant serait pertinente.

J'ai mis le pied pour la première fois sur un voilier à l'âge de 32 ans sans absolument rien n'y connaitre. Le virus m'a immédiatement pris. Mes deux premières fois n'ont été pourtant que grain violent au milieu de la nuit puis longue nav' au près avec une belle houle dans la gueule pendant 72h (dans le Pacifique). Autant dire que j'ai gerbé pendant les 15 premières heures avant de m'amariner. Quelques stages plus tard à mon retour en métropole, l'achat d'un magnifique (forcément, c'est le miens) poker dînette bien plus vieux que moi qui a été autant "coup de coeur" que mûrement réfléchis.

Bref, nous voilà partie pour notre première côtière, pendant un mois, en méd'. Passage aux Lérins (magnifiques). F4/F5 annoncé le lendemain en début d'après-midi. Risque d'averses orageuses (sans autre précision) le matin. "Allez 15 à 25 noeuds en rafales pendant 15 min" me dis-je. On décide d'y passer la nuit plutôt que de trouver une place dans un port (bondé, forcément, mi-août) pas loin (Cannes, Mandelieu, Théoule...).

Au levé, vers 7 h, un oeil encore baigné du rhum de la veille à moitié ouvert à travers le hublot de la cabinet avant : grand ciel bleu. 15' plus tard : le ciel se voile de blanc. 30' : du gris vient se lover ici ou là dans ce châle éclatant. Le léger ondulement des drisses sur le mat indique que le vent se lève doucement. Il est temps de sortir voir.

Sa forcit gentiement. Au loin, les nuances de gris dans le ciel, au dessus de l'estérel, n'annoncent pas la journée radieuse mais n'inspirent pas non plus une crainte démesurée pour le novice que je suis. Il est temps de plier gentiment le linge que les copains ont mis partout (première fois sur un voilier pour eux) et de vérifier la ligne de mouillage.

Là, entre deux pinces à linges, je lève la tête pour voir l'estérel : le ciel vient de salement dégénérer. Certains beaux nuages gris ont viré au noir. Des tubes sombres mais marbrés d'un blanc éclatant cassent en haut du mont ésterel comme une vague de récif acérée. Un beau voilier déboule dans le chenal, en fuite, tentant tant bien que mal de filer droit et rapidement.

"Oh putain ça va secouer !" me dis-je.

Veste de quart mise à la va vite, copains réveillés et briefés sur le niveau de ce qu'on va se prendre et ce qui pourrait se passer (au pire aussi). En dessous : du sable (et une ancre bien crochée avec un beau tas de racines épaissent 5m derrière). Derrière moi : je suis à 30/40m de la côte (une roche qui plonge droit dans 3/4m d'eau). A côté sur bâbord au ras du rayon d'évitage (le gars arrivé dans la nuit qui fait n'imp') : un big moteur qui n'a rien à faire dans cette eau peu profonde, si près du bord, avec ce temps, ancres à cul et en tête qui l'empêcheront de se mettre face au vent. A tribord et plus éloignés : deux voiliers qui font près de deux fois ma longueur hors tout.

Décision : on reste, on lâche un peu de chaîne (20/25m, pas de deuxième ancre à piocher), on allume le moteur et on se tient prêt. Et là bim : 32 nd en moyenne sur une 1h (anémomètre de l'aérodrome de Cannes).

Obligé de faire monter le régime du moteur pour être manoeuvrant afin de remettre correctement le canot dans les vagues levées par la mer du vent (pour moi elle faisait 2m sur le moment). Le pimpim au moteur a fini par l'arguer l'ancre arrière et se barrer à fond les gaz en manquant de peu de m'aborder. Les voiliers ont visiblement lâché beaucoup de chaîne. 70 à 100m m'avoueront t-ils après.

J'ai cru qu'on finirait sur les rochers. L'ancre dans le sable a dérapé mais s'est prise dans les racines sur leur chemin. 20m de plus et nous aurions peut-être fini sur la digue de ce charmant port minuscule des moines. Les voiliers d'à côté sont passés près, tout près, de ma coque. En travers sur les vagues, forcément, ils ne maîtrisaient parfois plus rien. Ca a duré 30/45 min.. Puis plus rien, la pluie, et le beau 3h plus tard.

Alors, voilà quelques questions que je me pose et que je vous soumets comme elles me viennent :

  • sérieux 70m de chaînes et/ou cablot ? d'accord faut lâcher un peu pour minimiser la tension sur l'ancre et ajouter du poids au fond de l'eau mais n'est-ce pas trop quand même ?

  • n'aurais-je pas dû hisser un bout de voile d'avant et me barrer quand ça s'annonçait clairement mauvais, comme ce petit voilier de 6m ?

Mon vieux 1GM10 à la peine et mon génois sur enrouleur n'auraient probablement pas pu affronter le courant, la mer de vent et les rafales dans le chenal entre Honorat et Sainte-Margeritte. C'est ce que je me suis dit.

L'équipage
29 août 2018
29 août 2018

Deux copains sur deux bateaux différents ont subit exactement le même scénario mais eux ont repris la mer.
Grosse difficultés pour relevé leur mouillage dans les vagues déjà creuses.
Le premier à filé au GPS (visi quasi nulle) au port de la Napoule en fuite, le second a mis en fuite avec de l'eau à courir et a attendu que ça se calme.
Comme pour toi ça n'avait pas duré.
Je ne sais pas ce que j'aurais fais mais en ce qui te concerne tu as fais ce qu'il fallait puisque y'a pas eu de casse.
Rappelons qu'une bonne manœuvre est une catastrophe évitée de justesse :mdr:

29 août 2018

La pire décision sur un petit voilier (je pense) serait de tenter de fuir par/au dela du cap d'antibes qui lève une mer et un courant dur
si j'ai bien compris c'était un coup de mistral ? dans ce cas mieux vaut poser la pioche de l'autre côté (le top étant à quai ou abriter dans la anse devant le lac d'eau saumâtre, fond sableux faible profondeur.
Pour la chaine perso si j'ai la place je met un max... après à Lérins entre les deux iles en aout :mdr: fallait s'accrocher au voisin :mdr:
Et pour le megayacht qui se pose au ras des cailloux je suis d'accord ils abusent un max, des 30 40metre qui slalom entre les bateaux de 6 a 12m et des baigneurs en plein aprem à une certaine vitesse pour rester manœuvrant ça devrait être interdit et en plus le votre est unvencore plus gros crétin égoïste puisque MR ne louvoie pas

30 août 2018

Non c etais pas le mistal , j y etais aussi , mais tranquillou au palm beach , c etais un vent d orage brusque non prevus, tourbillonant , bref
Un copain a failli perdre son voilier et a larguer son ancre sans mettre de flotteur , ducoup il faut qu il plonge pour recuperer sa chaine et ancre,
Tout cela en quelques dizaines de minutes, mais quand on leur dit il le croit pas les bretons,
Jai vu un 15 aout des grelons , sur st honorat , oui des grelons et baston , ensuite grand soliel,
Bon ils croyent toujours qu on exagere la sardine du port de marseille dans le sud,
N empeche que des voiliers qui decrochent et derivent vers golfe juan il y en as pletore, j ai donne un 40 pieds en bois cet hiver , oui donnne car je savais pas quoi en faire , et la personne n ecoutant pas les gentils conseils , en 10 jours le voilier , un 40 pieds de 1960 tres bonne construction etc , mais moteur perkins bloque par manque de soin belle unite pour jeune courageux , et bien il as decrocher et fini couler pres de la ferme acquacolede golfe juan,
Voilier de 1961 , manuel campos etc il etais a vendre ds les annonces , en fait il etais a donner mais personne pour payer les 600 euro de place au port etc,
Donc je l ai donne a un gas qui vit sur un sangria , qui as tout fait a tout vu et supporte pas les conseils precautionneux d une vielle bonne femme !! Total
Le moari repose en paix tranquille ds la baie de golfe juan, ceci est une histoire veridique,

30 août 201830 août 2018

Bonsoir
pour info j’étais juste devant toi rafales à 50 nds

slts
franck

30 août 2018

Bonsoir,moi qui fréquentent très souvent les îles de Lérins et les côtes entre Nice et Cannes, je peux vous dire que la réglementation maritime n'est pas respectée ,au mouillage c'est l'enfer avec tous ces gros bateaux a moteurs qui circulent à grande vitesse sans peur d'être contrôlés dans un chenal ou la vitesse est de 5 noeud maxi je crois, quand à la météo en Méditerranée elle peut changer en 10 mn , sous grain cela peut devenir un enfer j'ai déjà vécu ça.

30 août 2018

Au même moments je pense que nous étions à la badine !! Si je me souviens bien c’était du nord et en effet rafales à 50 noeuds !! Mais une dizaine de jours plus tard on a Pris un grain aux Lerins mais à 30 kts !!
Perso dans les deux cas j avais balancé mes 50 mètres de chaînes habituels des ces cas là !!!
Moteur allumé pour soulager au cas où on a passé le coup de vent !
Juste près le beau temps et la baignade !!

Hallucinant cette Med quand même, même si cette imprévisibilité devient habituelle !!

Pour les postérieurs de taupes qui passent à fond dans le chenal du Lerins ça fait des années que je voudrais les tuer mais bon !!

Cette saison la palme d’or revient à un charmant yatch qui par fegnantise, plutôt que de remouiller ou de balancer de la chaîne pour reculer a prefere creuser une trancher avec son ancre Moteur à fond en marche arrière, la grande classe quoi !!

31 août 2018

70m de chaine sur un petit bateau ça va peser !
Tu peux opter pour un mouillage mixte chaîne/câblot et une gueuze en plomb que tu descends sur quelques mètres le long de ton mouillage lors des coup de vent. Une main de fer avec un amortisseur de mouillage ça peut être aussi très utile pour atténuer les à-coups qui font déraper les ancres.

Cap Horn, Chili

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2022