TADORNE a coulé

Bonjour
Je vais essayer d'être factuel malgré la fraîcheur de l'événement et tout ce que cela implique dans mon projet de vie.
Lien vers article en espagnol seul document que je possède qui atteste ce qui m'est arrivé diariodeavisos.elespanol.com[...]narias/
TADORNE est un DALU40 version quillard je l'ai acheté le 29/01/2023 mais j'ai déjà fait plus de 4 miles marin avec lui et toujours en solo, du gros temps passé dans le Gacogne et au Cap Finistère a chaque sortie j'en apprenais un peu plus sur notre couple.
Il est aux Canaries depuis le 19/07/2023 les navigations ici ne sont pas faciles, un peu comme en Grèce sans les solutions de mouillages pour un replis. Les accélérations et les couloirs de vent sont bien connus et documentés leurs prévisions en force et en heure pas tout à fait maîtrisée.
Je part donc le 24/09/2024 de la Marina de TAZACORTE sud-ouest de La PALMA vers 15h30' heure locale pour faire du Nord le but étant de rentrer en France pour un gros refit du bateau et du marin, une place attend à port Napoléon au sec...les fonds du bateau aussi sont secs fait partie de la check-list...
Départ moteur j'en profite pour hisser la GV avec un RIS pour passer la pointe NW en y arrivant à cette pointe comme souvent le vent est plus fort que la prévision j'arrive pas a faire du rase côte ce que font les locaux mon moteur saidrive perkin 4108 n'ai pas assez puissant pour étaler.Je met de l'ouest dans mon cap,je sors un tiers de Génois au regard de ce que je vois aux jumelles ça va avoiner et je sais que j'ai environ 30 miles nautiques à faire un peu dur j'irai vers des calmes qui auront tendances à prendre de l'Est.
Et cela est le cas, le bateau a pris beaucoup de gite cela a tapé fort beaucoup mais c'est un bateau puissant qui préfère être sur ses bouchains dans ses lignes pour faire du pré. Dans ces cas j'essaye de faire avancer au mieuxla bête à la veille dans le DogHouse le pilote hydraulique direct sur barre si le navire est correctement équilibré fait le boulot, j'avais du mal à aplatir ma GV qui est en fin de vie.
Nous arrivons petit à petit en zone plus calme et déroule au fur et à mesure le génois et fini par lâcher le RIS il est 4 h UTC, je note toutes manœuvres dans le journal de bord et en profite pour faire un point .
Je m'accorde un peu de repos et écoute la météo de 5h03 entre ce moment et 6h50' j'entends un bruit sur la coque c'est pas une vague ça c'est calmé sur le coup pas trop inquiet je fini mon omelette mais ça me turlupine je vais voir à l'avant et là je constate un niveau d'eau important je goutte elle est salée, pas vraiment de pompe de cale sur ce plan il est compartimenté.
Le niveau monte doucement est pas équivalent partout je fais le tour des passes coque visible RAS . j'essaye avec un seau de voir ce que cela donne en les jetants dans le cockpit je m'épuise pour rien.
Il fait grand jour la mer c'est aplatit j'essaye de garder mon sang froid mais cela calcule beaucoup dans la tête.
Les batteries de services et moteur sont saines il y plusieurs niveaux de plancher.
L'eau monte doucement mais les premiers commencent à flotter.
Je me résigne a lancé un mayday dans les règles au premier aucune réponse ça ne rassure pas mais il est vrai que je n'ai vu aucune cible AIS depuis la veille au soir.
Je refais 4 minutes après un mayday et la Tenerife contrôle me rappelle c'est qu'en même un petit soulagement.
Une procédure longue commence enfin tout semble long dans ces cas les questions sur le navire, quel est la situation combien de personnes à bord, quel pavillon, suis je propriétaire du bateau d'où je viens ou je vais on me demande de passer canal 60 et de faire la veille je suis inquiet car le niveau monte doucement et j'appréhende de perdre la radio 25 watts la portable ne suffirait pas?
On me recontacte qlqs minutes après c'est une autre personne qui me fait confirmer si je suis seul à bord si je suis d'accord pour un hélitreuillage et d’abandonner le bateau j’ai presque hésité à la question c'est des moments que je souhaite à personne, si je peux déclencher mon EPIRB me mettre à sec de toile et immobiliser le bateau prévoir passeport et CB j’explique que je suis en cours de faire mon bidon de sécurité
Qlqs minutes après on me confirme que un hélicoptère va venir me chercher me demande de rester à la veille et toute la procédure suit son cours annulation sur le 16 et par message de mon appel de détresse on me rappelle et confirme que un hélicoptère sera la dans environ 50 minutes.
J'essaye de mettre à profit pour faire mon bidon de survie de 15 litres habituellement il est déjà préparé mais sur ce coup non.
Je met dedans passeport permis CB argent liquide, papier du bateau je déchire la page du livre de bord, je met mes téléphones portables oubli le chargeur essaie de mettre mes datas pas possible de mettre un pc portable et il faut qu'il reste flottant.
Un dernier appel me confirme que les secours arrivent je précise que à chaque échange on me demandait si ça allait et quel était la situation. On me stipule qu'il faudra que je me mette à l'eau avec mon gilet en fait je le porte très très souvent toutes les manœuvres sont au pied de mât et que je devrais nager vers mon sauveteur.
Dans l'attente le niveau d’eau monte commence a léché les causses de batterie et curieusement ça continue à fonctionner plusieurs fois recouvertes d’eau suivant le tanguage du bateau cela alimenté encore.j’en étais étonné. Je pensais être obligé de mettre le BIB à l'eau..
Les secours arrivent un premier passage sur le bateau et refont un très très grand tour vraisemblablement pour affiner la stratégie la mer est calme le bateau dérive peu 0,5 Nds.
J’ai vu qu'ils se sont rapprochés au plus près le vacarme et la levée d'eau ajoutent au stress ça se passe vite. Le gilet se gonfle bien mon bidon est lourd mais à un niveau de flottaison correct je dois avoir 20 mètres à faire on utilise des gestes type plongée j'ai nagé sur le dos comme il se doit.
Le treuillage est rapide il est bas je dirais 25 mètres on me securise on m'explique que j'ai assuré ils sont 4 à bord le plongeur, le treuilleur, le commandant de bord et le diplomate celui qui va me poser les questions on me donne une serviette avec un petit sac à dos ou il y a de quoi se changer on me donne rapidement un casque c'est dingue comme c'est bruyant à l'intérieur.
Le diplomate m'explique que la Gardia Civile m'attendra que nous en avons pour 50 minutes de vol et atterrissage Tenerife Sud ils font photo du passeport essayent d'être sympa et c'est le cas, que tout cela c'est la procédure, si je veux appeler quelqu'un etc…
50 minutes c'est très long dans ces moments j'ai juste aperçu mon ex bateau pas le temps de faire du tourisme drôle d'image dans la tête, contrairement à ce que nous pouvons penser c'est pas souvent que sort l'équipe ici les sauvetages sont plutôt faits avec les vedettes de la Salvatore Maritimo en inter île où assez proche.
Sur le trajet pas vu un bateau nous approchons de Tenerife par l'ouest descendons dans le Sud pour remonter sur le lieu de leur base j'ai pu un peu profiter de cette découverte.
Le comité d'accueil est en nombre des photos sont prises les officiers de la Guardia sont là mais on me laisse le temps d'aller aux toilettes, boire un verre d'eau, je n'ai jamais cessé de boire de l'eau c'est aussi un peu le carburant du cerveau.
L'entretien est dans la bonne humeur la procédure pas vraiment maîtrisé mais ils ont fait l'effort d'envoyer un officier parlant un peu le français et une femme la sphysio ? Le fait que j'avais les papiers du bateau, quelques photos du niveau d'eau pas vraiment bonnes et la page du journal de bord ont grandement aidé ça a dû durée 15 minutes environ et fini dans la bonne humeur.
Puis on me demande d'attendre la police nacional,
Toujours aux petits soins avec moi, tout l'équipage est venu me saluer en me disant que j'avais pris la bonne décision ce dont je suis pas encore sur. Ils ont vraiment été sympa.
Avec la police c'est un peu plus tendu au début mais grâce à ces documents l'interview se finit aussi de manière plaisante c’est même leur voiture qui me sert de taxi pour aller au terminal passager c'est très grand ces choses.
Le point de sauvetage est N 2951,3’ W 1805,6’ entre mon premier SOS et l’arrivée de mes sauveurs 2h50’ le niveau de l'eau est montée mais pas tant que j'aurai cru cela me fait me poser beaucoup de questions.
Entre mon atterrissage et la fin du processus,libéré à moi même il c'est passé environ 2 heures
Voilà physiquement ça va aujourd'hui le moral va mieux tout ce qui tue pas rend plus fort et des coups j'en ai pris beaucoup dans ma vie comme tous.
La perte du bateau certe mais c’est encore plus tout ce que j'avais dedans vaut mieux pas penser à ça mais la nomenclature est longue.
Deux trois trucs réviser son anglais tout se passe dans cette langue et j'ai été obligé de faire répéter plusieurs fois des invectives ou conseils.
Préparez toujours votre sac de survie à l'avance ou dû moins une liste au final mes disques durs sont pas dans le bidon. J'ai donc perdu au minimum 10 ans de photos.
J'ai écrit ceci un peu à chaud pour donner le lien à certains proches,j'ai pas envie de répéter 100 fois la même chose, sur un téléphone ou j'ai mon compte h&h donc désolé pour la dialectique et les fautes.
Pour ceux qui auront lu jusqu'au bout j’ai une question
Dois-je prévenir les autorités françaises de cette perte? Et qui?
Et comment justifier je n'ai aucun document j'ai demandé mais c'est pas prévu?
Je pense que je vais recevoir une facture et c'est normal le tour d'hélicoptère risque de me coûter cher.
Pour finir je rentre donc rapidement au païs j'attends un avion tarif des plus cher jamais vu et n'importe quelles nuits d'hôtels est bien plus onéreuses qu'une journée de marina.
J'appréhende le retour ici les canariens sont des iliens et il y a une joie de vivre que nous avons perdu.

Merci par avance de votre compréhension.
Eric

L'équipage
11h

merci pour ton témoignage et bien désolé pour ton bateau :/


Le secours de la personne coûte rien ,tu écriras aux affaires maritimes de la perte de ton voilier avec une attestation des sauveteurs . Triste fatalité et dur pour toi je suis passé par là en novembre 17 entre l Australie et l Indonésie


Désolé pour toi.
Tu n'auras pas de facture, il n'y a pas eu remorquage et le sauvetage de la vie humaine est gratuite.


Merci beaucoup pour ce témoignage, désolé pour la perte de ton bateau, pas évident du tout de trouver l'origine d'une voie d'eau et une voie d'eau même modeste dépasse vite les possibilités d'une pompe de cale, même de deux pompes. Mon impression est qu'il y a un coût à payer de naviguer seul lors de ce type d'évènement, on ne peut-être à la radio et trouver une voie d'eau en même temps. Pour les photos & document électroniques, la solution est le cloud je pense (onedrive par ex.). Un disque dur c'est vulnérable, ça se perd, ça se vole, ça crâme etc.


Pour les documents, si le bateau était francisé, les affmar peuvent te faire un duplicata.


Vraiment navré pour toi, merci pour ce retour d expérience a chaud.


Toute ma compassion.
C'est un conteneur qui a percé la coque ? (voir le film All is lost)


Bonjour Eriko

Vraiment désolé pour toi
Merci de ton partage d'expérience.
Tu as fais le bon choix, j'ai eu l'occasion de voir le volume d'eau qui entre dans un bateau avec seulement un passe coque de sonde qui lâche 30mn après j'avais les bottes rempli d'eau.
Pour le stockage des données à minima faire des sauvegardes sur plusieurs disques et pas stockés au même endroit.

Le Moko


Vraiment désolé pour toi, heureusement tu es sauf.
Avoir perdu ton bateau doit être très difficile, mais tu as très bien géré la situation pour sauver l’humain, c’est bien plus important au final


Tous mes encouragements pour la suite, en espérant de tout coeur que tu puisses repartir rapidement avec un nouveau bateau.
Christophe


Marin débutant et récent propriétaire de mon premier bateau, je suis déjà conscient de l'attachement que l'on peut avoir pour son voilier, compte-tenu de l'énergie, du temps et de l'argent qu'on y consacre, mais aussi du rapport intime qui se crée avec cet objet, véhicule et lieu de vie, qui nous permet de vivre nos rêves. Cette triste histoire me touche donc beaucoup.

La décision de quitter le navire était sans aucun doute la bonne, ou la moins mauvaise. Que faire d'autre en solo ? Se la jouer à la "All is lost" avec une chance sur mille de sauver le bateau, et 999 chances d'y rester ?

Deux leçons à tirer de ce partage d'expérience. Être prêt à abandonner un navire dans l'instant, et n'y garder que ce que l'on est prêt à perdre.

Courage cher Éric.


Cap Otway  australie

Phare du monde

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Cap Otway australie

2022