Article de l'Express sur le Salon 2012

Pour ceux qui n'ont pas voulu se charger, ou qui étaient déjà trop chargés (si vous voyez ce que je veux dire), voici un article intéressant de l'Express spécial salon qui était distribué, que j'ai scanné.

Chantiers navals et prestataires français accusent le coup d'un marché intérieur morose. Ils comptent sur leur leadership mondial pour se développer sur les marchés émergents.

Leaders incontestés de l'industrie nautique mondiale, les constructeurs français conservent leur place avec une croissance proche de 11 % pour l'exercice 2010-2011. Ce résultat honorable dans ces temps difficiles est dû en partie à la place des exportations, qui représentent 66 % de la production.

Le marché intérieur, s'il affiche une progression de 4,4 % sur la même période, inquiète les observateurs, car il se révèle vieillissant et en perte de vitesse. Malgré ces défauts, il reste néanmoins le socle d'une économie pesant 4,34 milliards d'euros ! Une somme dégagée à 80 % par les activités de services - entretien, équipement, location... -, mais dont la pérennité repose sur la stabilité du nombre de plaisanciers.

Or, avec seulement 18 % de nouvelles immatriculations en 2012 contre 27 % en 2008, la part des unités neuves - voiles et moteurs confondus - vendues en France est en très net recul. Une baisse qui s'explique par le prix élevé du ticket d'entrée pour la plaisance (15 000 € ou plus) et la décote importante des unités neuves. Celles-ci peuvent perdre jusqu'à 80 % de leur valeur en cinq ans. Des facteurs qui expliquent aussi pourquoi les primo accédants s'orientent plutôt vers le marché de l'occasion. Lequel prouve, avec une progression de 2 % par an, que l'intérêt du public pour la plaisance est encore vivace, dès lors que les coûts restent raisonnables. Un phénomène directement amplifié par le manque d'attraction des bateaux neufs. Car, malgré le recul du nombre d'unités neuves vendues, la réponse des chantiers est de proposer des produits toujours plus grands et plus luxueux, un bateau de grande taille étant plus rentable qu'un petit...

De fait, la longueur moyenne des unités produites, notamment celle des voiliers, n'a cessé de progresser depuis trente ans, passant de 6,10 mètres, en 1980, à 8,60 mètres, en 2012. Une tendance qui n'est pas près de s'inverser au vu des nouveautés majeures 2012: elles dépassent toutes les 15 mètres. Cette course à la taille, qui se mesure en millions d'euros et qui s'adresse au segment le plus solvable de la clientèle, la plus âgée, révèle la prise en compte par les industriels du vieillissement du marché intérieur français. En France, comme dans la quasi-totalité des pays développés, le plaisancier a 58 ans en moyenne.

Et dans 20 % des cas, l'âge du capitaine français dépasse les 70 ans. Conjoncture oblige, 3 % seulement ont moins de 30 ans!

Des efforts centrés sur l'international

Des statistiques d'autant plus inquiétantes que la filière française tarde à imaginer des réponses pour retrouver le chemin de son marché intérieur, préférant concentrer ses efforts sur l'export. Rassemblant les marques Jeanneau, Bénéteau, CNB, Lagoon, Prestige et Monte-Carlo, le groupe Bénéteau représente à lui seul 80 % de la production nationale, soit 694 des 901 millions d'euros générés par la production française (en 2010-2011), une situation unique au monde.

Le recul de 12 % de son chiffre d'affaires en 2012 laisse présager des difficultés du secteur. Pour autant, sa stratégie globale, ainsi que celle de ses rares concurrents, reste la même: viser les marchés émergents de la zone Asie-Pacifique, Moyen-Orient et Amérique du Sud. Et de fait, la part export de sa production atteint les 66,6 % et progresse chaque année, signe de la reconnaissance internationale de la qualité française, notamment au Brésil.

De nouveaux Eldorado ?

Fort de ses classes moyennes et supérieures de plus de 40 millions de personnes et de ses 7463 kilomètres de côtes navigables toute l’année, le géant sud-américain, avec un tissu industriel développé, apparaît comme une terre promise. Mais, conscient du danger que représente la concurrence européenne, il protège son industrie locale - 116 constructeurs - en taxant fortement les importations. Pour contourner cette fiscalité dissuasive, les européens Brunswick, Bénéteau, Azimut, Cranchi et Sessa n'hésitent pas à y implanter des unités de production. Autre écueil au développement du secteur, la faiblesse des investissements consacrés aux infrastructures portuaires, à peine 1,5 % du PIB brésilien.

En Chine, autre Eldorado possible, c'est 12 % du PIB qui y est consacré. Une quarantaine de marinas ont été construites, mais peinent à se remplir du fait de l'absence de tradition nautique. La clientèle potentielle compte pourtant plus de 2,5 millions de personnes, dont 788.000 millionnaires en dollars. Environ 350 chantiers, comme Sunbird, Cheoy Lee ou Heysea, produisent des unités jusqu'à 18 mètres. Au-delà, la demande se reporte sur les marques européennes Azimut, Ferretti, Monte-Carlo ou Sunseeker. Pour combien de temps encore ?

JEAN-YVES POIRIER

L'équipage
16 déc. 2012
16 déc. 2012

Ferreti a été racheté par les chinois, une marque européenne de moins !

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