Jean-Pierre Coïc : profession marin-pêcheur.

Bon, il aime pas trop la lumière celui-là, mais tant pis pour lui, j'avais quand même envie d'en dire deux mots depuis le temps que je suis son histoire.

A Concarneau, sur le port, tout le monde connaît ce pêcheur côtier.
A Concarneau et à Haïti.

Le 23 septembre 1998, l'ouragan Georges dévaste les régions du Sud-Est et du Nord-Ouest d'Haïti : 147 morts, 34 blessés graves, 40 disparus et 167 500 sinistrés.

Parallèlement, comme ses collègues et tous les artisans qui assistent au massacre, il déplore la casse de bateaux, souvent en bon état, au nom de la sacro-sainte sortie de flotte de pêche décidée par les instances européennes.
Près de 2 000 petits navires en 5 ans à Concarneau à la fin des années 90.

Du coup il fait le lien entre ces deux événements qui n'ont rien à voir à priori.
Il fonde l'association Solidarité Pêche.
Le but, se battre pour que les autorités acceptent que certains bateaux soient épargnés et puissent être exportés dans le cadre de l'aide humanitaire.
Le combat est inégal : il vaut mieux détruire ces bateaux que de les envoyer vers le tiers-monde pour relancer des pêches artisanales.
Jean Glavany, Ministre de l'Agriculture et de la Pêche de 1998 à 2002 (Jospin 1er Ministre), s'en mêle et intervient auprès de la Commission Européenne pour que les navires de moins de 25 tonneaux (13 ou 14 mètres) soient épargnés, puissent être exportés et que les pêcheurs touchent malgré tout la prime à la casse qui leur est due.
Ca ferraille, dur.

Finalement la barre descendra à des bateaux de moins de 12 mètres.

Et depuis ?

Bah, depuis, 4 bateaux ont déjà été envoyés là-bas : les Mystère (détruit depuis par un cyclone), Mercenaire, Breizh da Viken et Val d'Orge.
Ca paraît peu en 13 ans, mais à chaque fois les bateaux sont désossés, remis en état, ils sont repeints et les moteurs sont refaits par les chantiers locaux et les mécanos dans le cadre du bénévolat aidés par les dons pour acheter le matériel nécessaire.

Le Rêve de Mousse, immatriculé à Morlaix, après 25 ans de mer, a été récupéré par Jean-Pierre Coïc en 2011 et subit actuellement le même sort.
Sauf qu'il n'ira pas en pêche : à la demande des correspondants haïtiens de l'association, son volume particulier a conduit à le transformer en dispensaire flottant pour faciliter l'accès aux soins des habitants des villages côtiers.
Il reste à refaire les peintures et les aménagements et il sera bon pour une transat en novembre 2013.

www.solidarite-peche.org[...]/

L'équipage
18 fév. 2013
18 fév. 2013

Belle histoire
Et belle illustration de la technocratie européenne

bravo ,il en faut des gens comme ça pour faire avancer le monde :pouce:

18 fév. 2013

C'est lui qui va le livrer ? Autonomie suffisante pour une transat ?
Félicitation en tout cas...

18 fév. 201318 fév. 2013

Ca dépend.
Le Mercenaire a été équipé de voiles pour la traversée et JP Coïc l'a emmené avec un autre membre de l'asso, pêcheur à Concarneau (de mémoire).
Pour le dernier, Rêve de Mousse, l'idée est de choisir quelques pêcheurs à travers l'asso APAH (Association de pêche artisanale haïtienne), les aider à améliorer leur technique de pêche, les former à la mécanique et à l'entretien des bateaux puis les laisser partir avec.
A chaque fois les bateaux partent avec du matériel de pêche et des pièces mécaniques de rechange dans la limite, bien sûr, des capacités d'emport.

Tiré du site mis en lien plus haut, ceci :

"Un premier bateau de 8,50 mètres, "Le Mystère", est récupéré en 2002. Il sera bien remis à l’association des pêcheurs artisans d’Haïti, mais sera, hélas, détruit quelques mois plus tard par un cyclone.

En février 2007, Solidarité Pêche récupère un second bateau, Le Mercenaire. Il s’agit d’un fileyeur en bois de Lorient promis à la casse. Remis en état, équipé de voiles pour la traversée, et la cale pleine de matériel destiné aux pêcheurs haïtiens, "Le Mercenaire" quitte le port de Concarneau en mars 2007. A son bord, Jean-Pierre Coïc et Jean-Jacques Daniel. "Le Mercenaire" est remis à la "Fondation Verte", une ONG haïtienne qui devient le relais local de "Solidarité Pêche".

Le fileyeur permet de tirer les pirogues et canots à voile au large pour la pêche, de stocker le poisson en chambre froide, puis de revenir à Port-au-Prince pour le vendre. Il a permis aux pêcheurs qui l’utilisent de multiplier leurs revenus par 7 (leur revenu est passé de 2 € à 15 € par jour). Une soixantaine de familles ont vu ainsi leurs revenus s’améliorer.

Le nouveau bateau en préparation
Début 2009, un pêcheur lorientais appelle Jean-Pierre Coïc pour lui proposer un nouveau bateau : le "Breizh da Viken". Il s’agit d’un fileyeur en bois datant des années 70. Son nom signifie « Bretagne à jamais », c’était la devise de la duchesse Anne de Bretagne.
Le bateau est arrivé à Concarneau en octobre 2009. L’équipe des bénévoles de "Solidarité Pêche" est au travail pour le remettre en état. Le départ est prévu en mars 2010. La traversée devrait durer deux mois. Comme "Le Mercenaire", le "Breizh da Viken" ne partira pas les cales vides : l’association profite de ces quelques mois pour collecter du matériel de pêche, des bouts, lignes, hameçons qui permettront aux pêcheurs haïtiens de travailler efficacement.

Diverses actions sont programmées pour financer la remise en état, et notamment un repas antillais au centre des arts de Concarneau en janvier.".

Cet extrait date de 2009.

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18 fév. 201318 fév. 2013

Le problème d'emmener un bateau c'est le coût supplémentaire des billets d'avion pour le retour parfois plus cher qu'un A/R en charter.

Un voyage qui peut durer 2 mois et pendant ce temps-là ils ne bossent pas.

Un chèque, c'est donc déjà beaucoup mais ce n'est pas le but de ce fil.

Parler d'eux. Les faire connaître, simplement.
Après, à chacun de voir.
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18 fév. 2013

Magnifique action de solidarité jusqu'au bout... autre chose que signer un chèque !
:pouce:

18 fév. 2013

Un article sur "le Marin" d'aujourd'hui.
J'ai remarqué que souvent les sujets d'H&H collaient à l'actualité de la presse...
Mais en l'occurence c'est très bien.

18 fév. 2013

Leur action honore les gens de mer et touche la sensibilité de chacun d’entre nous. Il y a dans ce geste bien sûr un élan de générosité mais aussi sans doute pour eux la meurtrissure de voir disparaître à jamais le bateau sur lequel ils ont travaillé et qu’il leur faut à tout prix éviter. Un bateau de pêche n’est pas un simple outil de travail, chacun le sait.
Je note que des politiques les ont aidés. Ce n'est pas qu'un simple combat contre la technocratie. C'est surtout le refus de voir mourir un métier que l'on sent en déclin.
C'est à la fois beau, grand et triste.

19 fév. 2013

Un reportage avait été diffusé par Thalassa, il y a quelques temps déjà.

Les Eclaireurs près d'Ushuaia, Argentine.

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