violent incendie port de Saint-Laurent-du-Var

Encore un qui a lu les posts des pros de la batterie lithium d heo... :)

ça va à priori il n'y a pas de voilier 🤣

L'incendie est d'origine criminelle et j'étais sur place très proche. Voici ce que je sais, suivi de mes observations puis analyse :

1) L'incendie est d'origine criminelle. Sources = article Nice Matin qui indique que le parquet de Grasse a ouvert une enquête stipulant que l'origine est criminelle ET plusieurs personnes de la Capitainerie disent avoir vu sur les vidéos des caméras du port une personne cagoulée montant à bord d'un yacht juste avant le début de l'incendie. Lorsque l'homme est redescendu l'incendie a de suite démarré sur ce même navire aux environs de 22h30 (radio-ponton parle d'une vendetta suite à impayé) (radio-ponton dit aussi qu'il y a eu un activateur de feu).
Il me semble que les pompiers ont été appelé la première fois à 22h35 ou 40 maximum.
Le port de saint Laurent du var compte 1100 bateaux amarrés.
.
.
2) J'étais sur place très proche dès 22h45 environs. A ce moment là 4 yacht étaient déjà en flammes. Le vent venait d'Est, léger. A mon arrivés il y avait déjà une (puis deux?) petite embarcation de plaisance (qui n'appartenait pas à la capitainerie) avec des gars dessus qui sont allés détacher des yachts au vent afin de les déplacer pour les mettre à l'abri afin que l'incendie ne se propage pas. (superbe réaction de leur part !). Il me semble que rapidement la petite barque alu de la capitainerie les a aidé (ce qu'ont fait aussi ces gars de la capitainerie plus tard est exceptionnel, cf explications beaucoup plus bas).

A 22h57 (source photos) les pompiers étaient présents par la terre devant l'incendie sur la digue sud. Il ne me semble pas les avoir vu bien plus tôt que 22h57.
Parait-il qu'ils se sont pointés au mauvais endroit du port (à la station essence) avant.
Le premier navire anti-incendie (pompiers d'Antibes, 4.5 Miles nautiques) est arrivé à 23h26 (source photo) et il s'est concentré sur le yacht en flammes qui était le plus au vent. Sa puissance d'eau m'a impressionné, mais sa puissance d'eau n'avait pas la capacité d'éteindre l'incendie.

A titre d'exemple, le 3eme yacht en flamme était le plus gros (et le plus solide) contenait 2300 litres de gasoil (+ bonbonnes de gaz, + petite réserve d'essence pour annexe, + engins pyrotechniques comme fusées de détresse et fumigènes).

Par contre la puissance d'eau du navire anti-incendie n°1 est parvenu à pousser/déplacer le plus gros yacht (j'en parle un peu plus bas car c'est une information importante).

Un deuxième navire anti-incendie est arrivé (de je ne sais pas où) à 23h37 (source photo). Sa puissance d'eau était inférieure au premier.

Les navires anti-incendie de l'aéroport de Nice (situé à 2.5 NM) ne sont pas venus (sauf s'il s'agissait du 2eme mais j'en doute fortement).

Le navire numéro 2 s'est focalisé sur le yacht n°5 en flamme, le plus sous le vent.

Les yacht en flamme étaient sur la digue sud, le vent (léger) venait d'est, les deux navires étaient donc positionnés nord-est et nord-ouest de l'incendie, sans possibilité d'en venir à bout mais en essayant de le contenir. Il y avait des pompiers à terre sur la digue (donc au moins au sud-est de l'incendie, peut-être aussi sud-ouest je ne sais pas).

23h40 environ, une petite pluie a commencé, ça n'a strictement eu aucun effet jusqu'à la fin de l'intervention (01h46).

Sans surprise, le yacht en flamme n°3 (qui était le plus gros et qui ne recevait aucune eau des pompiers par la mer) s'est détaché du quai (je ne sais pas à quelle heure) et a commencé à tirer fort sur ses pendilles.

Le vent a tourné, venant alors de sud-est. Le plus gros yacht en flamme (n°3, 2300 litres de gasoil)a commencé alors un début de rotation autour de l'axe de ses pendilles ...
Le navire anti-incendie n°1 s'est alors rendu sur lui, et avec sa grosse puissance d'eau est parvenu à un peu le déplacer. Ce Yacht très en flamme a reçu énormément d'eau mais son incendie n'a pas diminué

La situation a dégénérée, possiblement à partir de 00h07 (selon photo) : la pompe a eau du navire anti-incendie n°1 s'est soudainement arrêtée. Le navire a reculé, et environ 1 à 2 minutes après sa lance anti-incendie s'est remise en fonction avec une pression moindre (équivalente au navire anti-incendie n°2).

Cela + le vent qui a tourné + amarres rompues + pas d'autres yacht sous le vent (heureusement !) = les yachts en flamme se sont un peu mis dans tous les sens (dont le premier me semble-t-il avait déjà coulé).

A ce moment là, toujours aucun pompier terrestre côté nord de l'incendie pour anticiper (ni même pour mieux superviser la situation).

00h30 (source photo), le vent a continué à tourner, venant maintenant de sud, toujours léger. Naturellement, le plus gros yacht en flamme (avec une coque plastique de bonne construction car refusant de couler contrairement aux autres) s'est mis en travers du port et se rapprochant du ponton le plus proche au nord jusqu'alors épargné.

00h35 (source photo), le navire anti-incendie n°1 (avec sa puissance d'eau diminuée) s'est positionné entre le ponton non-encore touché au nord et ce gros yacht en flamme au milieu.

00h45 : Le vent a continué à tourner : toujours léger, venant de sud-ouest.

vers cet horaire-là, un des deux navires anti-incendie (il me semble le n°1, mais pas sûr) a eu sa lance anti-incendie devenue totalement hors service. Il a été contraint de s'éloigner.
Il y aurait alors dû y avoir plus qu'un seul navire anti-incendie encore en fonction, mais le 2eme était à ce moment lui aussi en retrait sans lance anti-incendie elle aussi hors-service.

Panique des plaisanciers en bout de ponton au nord de l'incendie : pas de présence de pompier avec eux et deux yachts en flamme (dont le plus gros) qui vient vers eux. Quelques uns récupèrent et branchent les mini tuyaux d'eau de plaisanciers (comme des tuyaux de jardinage) en vue de protéger le premier petit bateau moteur amarré ... mais il n'y a aucune pression d'eau : sans doute parce que les pompiers à terre prennent toute la pression.

00h55 : La carcasse carbonisée jusqu'à son étrave, encore en flamme sur le milieu et arrière, est venue toucher le premier le premier petit bateau moteur du ponton au nord de l'incendie. Fort heureusement ça a touché avec l'étrave carbonisée (chaude) sans flamme. Pas de présence de pompiers à terre avec eux. Les plaisanciers ont repoussé comme ils ont pu cette carcasse en flamme du yacht n°2 (le n°3, plus gros, étant juste après). Le propriétaire a démarré en trombe pour partir en fond de panne. Dans la précipitation (largement compréhensible), une amarre s'est prise dans le moteur (après coup j'ai appris que le moteur est devenu HS) : il a pu rejoindre le quai, loin des flammes.

Sur une photo 01h09, sur ce ponton au nord de l'incendie, on voit la lance incendie des pompiers terrestres. Elle a été mise en place entre 00h55 et 01h09.

Vers cet horaire là j'entends un des pompiers sur le ponton au nord de l'incendie dire par radio que «ça va le gros yacht est immobile au milieu du port et ne bougera pas». Je lui réponds que ça sera le cas tant que le vent ne tourne pas encore, ni ne se renforce, ni que ses pendilles brûlent. Il reste bouche bée, très surpris, car il n'avait pas envisagé la situation changer.

De toute évidence ils sont très compétents sur les incendies à terre dont le foyer ne se déplace pas et où un nouveau scénario n'arrive.

Par la même occasion le pompier apprend qu'il y a des gens (dont certains en précarité) qui vivent sur leur voilier.

Je suis allé re-réveiller les plaisanciers (sur les deux pontons au nord de l'incendie) qui étaient repartis dormir dès l'arrivée des deux navires anti-incendie et qui ne sont pas doutés que le vent pouvait tourner et que des matériels crucial de lutte contre l'incendie pouvait tomber en panne. Ces plaisanciers n'ont été prévenu par personne, certains étaient désemparés avec des «on doit faire quoi dans ces cas là ?» ..... «Enfilez un pull, pantalon, chaussures, prenez vos minimum nécessaire tels que papiers et téléphone, et préparez-vous à partir du port à pieds si nécessaire».

Dès 1h11, des plaisanciers (sur le premier ponton nord) ont dû "donné du mou", "repris du mou", "donné du mou", "repris du mou", etc de cette lance terrestre des pompiers au ponton nord de l'incendie, pour qu'une petite embarcation avec au moins deux pompiers à bord puissent continuer à lutter contre le feu.

Le vent a légèrement forcé, venant de sud-ouest toujours. Le ponton suivant (au nord-est de l'incendie) s'est alors vu très menacé à son tour. Une lance à incendie terrestre a été déployée sur ce ponton suivant. le bout de ce ponton s'est retrouvé dans la fumée très très noire opaque.

Vers cet horaire-là, les gars de la capitainerie, sur la toute petite barque alu, ont entrepris le projet fou de sortir du port les yacht en flammes.

Leur idée vachement couillue a été d'accrocher le yacht n°2 et en même temps le gros yacht n°3. La tâche avec les flammes et sans équipement individuel de protection contre le feu a été très laborieuse (tu m'étonnes !). Ils n'ont pas réussi et ils ont sortis "uniquement" le yacht n°2 déjà très carbonisé. Sincères bravos et remerciements les gars !

Un navire de la SNSM est ensuite arrivé. Il a essayé de sortir le gros yacht n°3 en flamme, toujours flottant (les 4 autres étaient déjà au fond du port à ce moment là). Ce gros yacht n°3 était totalement en flamme et ses pendilles tenaient encore étonnamment.

Le navire de la SNSM n'a pas réussi (on ne peut vraiment pas leur en vouloir) et a quand même maintenu ce gros yacht en flammes au milieu du port.

01h43 (que les minutes sont longues dans ces moments), le gros yacht en flamme a commencé à couler au milieu du port, touchant le fond et ne bougeant plus (soulagement !). Profondeur à cet endroit = 3.50m il me semble. Son balcon inox et l'extrémité de son étrave dépassent de l'eau.
.
.
A ma connaissance aucun blessé, aucun décès.
Au total 5 yacht sont au fond de l'eau des suites des flammes, et 2 ou 3 autres ont été touchés.
Un barrage flottant anti-pollution a été mis dans la nuit (probablement après que j'ai été me coucher), ou peut-être très tôt le matin : positionné à l'entrée du port. Le port est fermé.
.
Nice-Matin parlent de 67 intervenants sur l'incendie (j'ignore s'ils ont compté dedans les gars de la capitainerie, les gars de la SNSM, les plaisanciers, les mouettes et chiens et rats) et d'une trentaine de dispositifs matériels déployés (idem, comptent-ils "4" lorsqu'il s'agit d'un véhicule à quatre roues?). Aucune mention des pannes matérielles ni du déroulé de l'incendie qui, majoritairement par CHANCE, n'a pas viré au chaos.
.
Mon analyse à postériori, ces points sont dans le désordre :

• Dans un tel scénario il est illusoire d'espérer éteindre l'incendie avec des lances à eau par la mer et pas la terre (même si aucune tombe en panne)

• Dès le début, le plus tôt possible, il faut décrocher les navires non-atteints par les flammes pour éviter que le feu se propage

• Peut-être même encore avant tout, décrocher les navires dont le feu a commencé et les sortir du port (chaque seconde gagnée compte), encore faut-il pouvoir décrocher les amarres. Un bateau qui est déjà 5 ou 10% en flamme est de toutes façon déjà foutu d'un point de vue assurance. Tous les autres propriétaires vous remercieront. Soyez par contre sûr de votre propre sécurité si vous entreprenez une telle audace, et aussi de ne pas répandre malencontreusement l'incendie ailleurs.

• ne pas compter sur le fait que les professionnels du feu vont être ou pas à la hauteur de la situation, vont avoir leur matériel qui va fonctionner (ou tomber en panne), vont savoir anticiper l'évolution de l'incendie. Ils sont de super gars qui font de leur mieux, je n'en doute pas, il y a uniquement de quoi engueuler leurs directeurs (certaines absence de formation à cette situation spécifique, matériels qui tombe en panne,..)

• ne pas partir du principe que des navires anti-feu vont arriver + tôt (pour tout un tas de raisons possible). L'exemple de l'aéroport à proximité est intéressant à se questionner (et ils ont peut-être leurs raisons valables).

• qu'importe ce que disent les textes (si c'est autorisé ou non) et autres administrations (est-ce que ça a été déclaré ou non), systématiquement partir du principe qu'il y a sur place des gens qui vivent et se renseigner auprès des plaisanciers sur ce point là : s'il n'y a pas de gens qui vivent sur place c'est une bonne nouvelle, plutôt que d'avoir la mauvais surprise qu'on n'avait pas pensé à cette douloureuse info. Arriver en posture de «ce sont des joujoux de millionnaires qui brûlent» n'est pas la même que «sur place il y avant tout des dizaines de gens qui dorment, dont certains en précarité/retraité/grave obésité, qui vivent à bord et qui ne sont même pas au courant de la situation car habitués aux bruits festifs sur le port».

• ne pas se concentrer sur le foyer de l'incendie mais sur le navire en flamme qui menace le plus de faire tourner au chaos la situation (le navire à la coque la plus solide est une bonne indication de ce qui va continuer à brûler longtemps)

• se souvenir que ce qui retient les navires (amarres et pendilles) brûlent et lâchent ! Ce point DOIT être anticipé.

• se souvenir que le vent tourne (avec ses conséquences sur les embarcations en flamme flottantes)

• prévoir dès le début : chaussures lacées, pantalon, pull, veste de pluie, pantalon de pluie, téléphone avec oreillettes. C'est ce que j'ai fait et ça m'a été fort utile. Prévenir UN (pas +) ami/famille proche qui n'est pas sur le port et le tenir au courant de l'évolution. (Par contre je n'ai pas anticipé que la pluie allait m'emmerder avec l'écran tactile mouillé ...).

• Lorsque la situation semble sous contrôle par les pompiers, se préparer quand même à évacuer/partir par la terre avec le minimum des affaires personnelles. Tant que ça n'est pas fini, ça n'est pas fini.

• dès le début, crier au feu et réveiller les voisins. Appeler les pompiers sauf si on est certain qu'ils ont été prévenus.

• Si on se sent : donner un coup de main partout où c'est possible, ou proposer son aide. Au minimum ça soutiendra psychologiquement ceux qui oeuvrent. Faciliter tous les accès au maximum : ouverture des portillons des pontons, désencombrer les pontons de tout ce qui peut gêner.

• Se protéger. Observer. Anticiper à se retrouver sous le veut aucune fois (fumée noire toxique et opaque).

• lorsque l'incendie commence il est encore temps de sortir du port avec son bateau pour le mettre à l'abri au cas où (sous réserve bien évidemment de situation météo !). Au contraire, lorsque les navires en flamme se sont détachés ils barrent l'évacuation des autres bateaux ! Mais si un (puis deux puis trois puis quatre..) plaisanciers décident de sortir leur bateau du port pour se mettre à l'abri à l'extérieur, il y a le gros risque que plein d'autres fassent pareil et que cela génère un sur-accident (et potentiellement augmente le chaos de l'incendie).

.
Beaucoup ont oeuvré avec grand volontarisme, des mercis à tous sans exception. La chance s'en est majoritairement mêlée cette fois... (lorsque le gros yacht a coulé, et donc immobilisé, j'ai eu un grand soulagement)
.
.
Un ami m'a fait parvenir le lien public de ses photos-vidéos (il NE souhaite PAS que ses photos soient utilisées/diffusées sans son accord) :
share.icloud.com[...]gVoomEQ

merci @Camille06 pour ce reportage complet !

Un peu facile de critiquer l'action des secours, même si tu étais sur place tu n'étais pas dans les bateaux pompes , ni avec le directeur des opérations de secours ! 2 bateaux pompe HS je n'y crois pas, par contre quand tu balances trop d'eau les bateaux coulent, ils cherchaient peut être une autre issue, Ce type de feu est très dure à circonscrire ( surtout de cet ampleur et avec la taille des bateaux impliqués ) et dangereux pour les intervenants avec les risques de tomber à l'eau avec tout l'équipement sur le dos. Finalement le résultat est pas de mort et pas de blessés.

Cordialement

finalement le plus efficace aurait été de couler les bateaux dés le debut de l'incendie